C'est le premier écrit de Pierre Jourdes que je lis. J'avoue avoir été séduit à la fois par la couverture de l'édition Esprit des Péninsules (détail d'une peinture de Léon Spilliaert, qui reflète d'ailleurs très bien le contenu) et intrigué par le résumé. Une ville terne de province, un jeune professeur de collège un peu paumé, des notables aux mœurs dissolues et une maison bourgeoise aux recoins ténébreux, voilà quelques uns des ingrédients qui font de ce roman une réussite. Jourdes y développe des thèmes comme l'effondrement du système scolaire français, l'extrémisme politique, le sado-masochisme ou bien encore la violence dans la société. Un livre très rude, ancré dans le réel, mais baignant dans une atmosphère fantasmagorique. Car la vraie qualité du roman réside dans le style de l'auteur. Sous sa plume, tout devient sombre, inquiétant, presque malsain. On pense à Kafka, à Poe. Tout au long du récit les repères s'estompent, relayé en cela par l'emploi du tutoiement pour la narration. Bref une satire nappée de fantastique très réussie.