Epaté par le début, la scène de la rencontre, magistralement écrite.
Emu par la fin, par les évènements dramatiques qui se succèdent.
Mais entre les deux, l'ennui. Dans l'écriture il y a du style, indéniablement, mais même si je suis séduit voire fasciné par des formules bien senties, des phrases qui font mouche, ou par le rythme parfois impressionnant, rapide et percutant, je trouve qu'à être trop ébloui par la forme, on se détache du fond. Comme si l'auteure se regardait écrire...
Peut-être que l'auteure est surdouée aussi, en tout cas moi j'ai eu du mal à suivre parfois, à comprendre certaines sentences, certaines métaphores ou comparaisons, qui me paraissent trop intellectualisées pour être spontanément ressenties à la lecture, ce qui me gêne.
A part à la fin, je n'ai pas eu d'empathie pour les personnages. Tout me semble pessimiste, froid, sec, tableau triste et clinique qui me rappelle Houellebecq. Pour moi la passion entre les deux personnages n'est pas vraiment au coeur, l'histoire se perdant aussi sur des descriptions de leur milieu professionnel respectif - ennuyeux - et sur un aspect plus générationnel, assez intéressant lui : cette femme Laure qui entend la voix de sa mère et grand-mère d'outre-tombe lui faire la morale, qui se vit à travers ces regards-là, Laure qui regarde sa propre fille Véra affirmer avec violence sa liberté, cet homme Clément, prisonnier du regard impitoyable de sa mère qui l'a rendu incapable de s'aimer et donc d'aimer.
Des originalités : l'usage du "tu", le personnage du chien appelé Papa. Le personnage que j'ai préféré, c'est le mari cocu
qui à la fin pleure devant l'évier, c'est aussi une des scènes qui m'a le plus ému.
Bref, les personnages m'ont paru un peu insaisissables, comme des feux follets. Je n'ai pas ressenti la passion. Pour moi le titre ne renvoie pas aux flammes de la passion qui brûlent tout, pas du tout, il renvoie à l'adjectif qu'on accole aux défunts : Feu l'amour, constat tragique.
Ce qui fait d'ailleurs écho à la fin tragique du maître de Papa.