Dans le précédent volet, Lindsay Gordon nous avait quitté en Allemagne, désireuse de se faire oublier de la Spécial Branch qui avait peu apprécié son dernier article pour le Daily Clarion. Après un exil de neuf mois passés en Italie, notre ex-journaliste, sentant le climat plus propice à son retour, décide de quitter son abris pour retrouver le confort de sa vie d’autrefois. Certes, plus question de faire dans le journalisme pour elle, mais retrouver Cordélia et ses amis semblent être une lueur appréciable dans sa vie un peu trop morne.
Comme à son habitude, McDermid aime à plonger ses personnages dans des situations peu enviables et les montrer sous des jours moins héroïques. A son retour donc, Lindsay découvre que sa chère et tendre l’a gentiment cocufié et que tout ce que sa ville à bien changé. Comment ? Le monde ne s’est pas figé en l’attendant ? Comment ? sa femme ne l’a pas attendu ? C’est donc une Lindsay un peu injuste qui nous revient mais fort heureusement sa ténacité et son amour de la Justice sont toujours indemne et c’est ce qui fait, après tout, qu’on aime ce personnage malgré ses défauts.
Sitôt arrivée, Lindsay se trouve donc confiée une mission. Devenu détective privée, elle se met alors sur une nouvelle affaire : Prouver l’innocence d’une ancienne collègue, emprisonnée à tort pour le meurtre de sa maîtresse, qui s’avère être une ancienne amante de Lindsay aux habitudes plutôt douteuses.
Seule pour mener l’enquête, Lindsay fait ce qu’elle sait faire de mieux - même si elle en doute parfois encore - trouver la vérité.
Et au cours de son enquête, encore une fois, elle devra jongler entre ses sentiments personnels vis à vis de sa patronne, de leur amour commun et ses exigences professionnelles. Encore une fois, Lindsay devra faire face à une réalité : tout le monde peut être considéré comme coupable.
Comme dans le précédent opus, McDermid nous offre une enquête qui ne cache rien au lecteur. Même les hypothèses farfelues ou les pistes sans issues sont exploitées afin que nous puissions nous aussi résoudre l’enquête.
Malheureusement, l’auteure, comme dans son premier livre, use d’un subterfuge qui n’est pas gênant en soit mais qui me déplaît personnellement. Alors que les pistes s’étiolent et que la détective commence à piétiner, un témoin mystère apparaît pour simplifier les choses. Comme par magie.
Heureusement, la déception ressentie face à ce petit tour de passe passe est vite oubliée. Car les rebondissements offerts par le livre sont plutôt agréables à suivre et les surprises s’enchaînent dès lors que la vérité commence à faire son petit bonhomme de chemin. Je ne passerai certes pas l’éponge sur ce détail - d’autant plus que Lindsay parvient très bien à trouver le coupable d’elle même, mais le coup de théâtre qui suspens le souffle du lecteur permet d’en atténuer l’effet agaçant. La solution est un peu alambiquée et le livre donne un peu l’impression que tout le monde connaît tout le monde, mais au final le tout se tient assez bien et fait son effet.
Du point de vu personnel, nous voyons Lindsay évoluer tranquillement mais surement et se reconstruire après sa fuite en Allemagne puis en Italie. Loin de nous laisser croire que son héroïne est parfaite, McDermid nous la montre de mauvaise foi, en colère et pleine de doutes.
Final edition n’est certes pas le meilleurs ouvrage de McDermid, mais comme pour les deux premiers, la plume de l’auteure est déjà assez convaincante pour tenir le lecteur en haleine et lui faire passer de bons moments. Comme à son habitude, elle nous offre une héroïne humaine avec ses qualités et ses défauts et nous emporte dans une enquête intéressante où la question est de savoir si tout le monde est capable de tuer, poussée par une force suffisante. Quelques rebondissements intéressants et un final sympathique. Encore une fois, vivement la suite.