"Flagrant déni" est le second roman de Hélène Machelon et je ne pense pas que ce soit un hasard si, comme son premier opus "Trois petits tours" (réédité sous le titre "Envolée"), il traite de la maternité. Un thème qui pour des raisons sans doute personnelles tient fort au cœur et au corps de l'autrice. Contrairement à moi pour qui il est douloureux, également pour des raisons personnelles. Toutefois, le talent de Hélène Machelon mérite vraiment que je passe au-delà de mes préférences de lectrice pour sortir de ma zone de confort.
"Flagrant déni" est un récit touchant, empreint d'une grande sensibilité et d'une approche psychologique fouillée. Juliette, adolescente de 17 ans dont les études brillantes semblent lui ouvrir les portes d'un avenir prometteur quoique tout tracé, assiste, impuissante, au basculement brusque de sa vie lorsqu'elle se retrouve en salle d'accouchement sans avoir soupçonné une seule minute qu'elle attendait un enfant.
Mais ce n'est pas seulement la vie de Juliette qui est bouleversée par ce déni de grossesse, cette "grossesse invisible" comme il semble que ce phénomène se nomme. Celle de sa famille également. Mère, père, sœur, géniteur de l'enfant, entourage de Juliette... personne ne semble vraiment prêt à faire face à une grossesse adolescente. Hélène Machelon traite les différentes postures avec, tour à tour, délicatesse, empathie et esprit critique.
Le rythme du récit est très rapide, il se lit d'une traite, d'autant qu'il est court en pages et en temps, l'action se déroulant sur deux mois. Deux mois durant lesquels une seule question capitale doit trouver sa réponse : que faire de l'enfant de Juliette ? L'autrice ne cherche pas du tout à faire naître de suspense ou le pathos ; la narration se veut réaliste, proche du témoignage. "Flagrant déni" offre un regard intéressant, complexe et touchant sur un sujet de société peu traité en littérature.