Le 5ème volet des aventures d'Alvin-le-Faiseur, ce forgeron doté de talents multiples et surnaturels au début du XIXème siècle en Amérique. Son excellentissime traducteur, Patrick Couton, avouait avoir moins accroché avec les 2 derniers tomes de la saga et je comprends un peu pourquoi. Grisé par son agilité pour animer des dialogues percutants, Orson Scott Card cède un peu à la facilité et se perd dans des rebondissements tirés par les cheveux, qui lui donnent l'occasion d'affûter les arguments que les protagonistes s'envoient à la face, sur fond de controverse morale et de procès en sorcellerie. Qu'à cela ne tienne, ça vaut quand même le coup de suivre les pérégrinations du Faiseur, qui ne sait toujours pas exactement à quoi doit lui servir son talent, mais dont la femme prend fait et cause pour les esclaves noirs des états du Sud. C'est toujours foisonnant, riche, inattendu, et cette fois, on y croise Audubon et Balzac. Rien que pour ça, ça vaut la lecture. Je rappelle que Card déteste les Français et que ça lui donne l'occasion d'enfoncer des portes ouvertes jubilatoires sur nos défauts nationaux.