Livre formidable, enthousiasmant, très moderne et marqué par la vie contemporaine, mais en même temps plus général. Le héros, Fleishman, est en plein divorce et à cette occasion découvre pour la 1ère fois de sa vie qu’il peut plaire à d’autres femmes, ou en tout cas coucher à droite et à gauche grâce à des contacts par une application de rencontres sexuelles. C’est tout un monde qui s’ouvre à lui car jusqu’à présent, à part sa femme Rachel, il n’a eu que très peu d’expérience, ne plaisant jamais aux femmes. Il est médecin et aime son métier (spécialiste en hépatologie), sa femme est une battante, elle a créé une agence d’imprésario avec succès, gagne bcp d’argent et leur permet un train de vie au-dessus de ses moyens à lui de médecin. Elle n’imagine pas d’élever ses enfants autrement que « dans les meilleures écoles, avec les meilleures opportunités, etc » et se dévoue à cette tâche, en les voyant peu, en dirigeant leurs vies par coups de fil à la nounou et aux profs, etc, et elle voudrait que Fleishman aussi essaie de gagner plus d’argent. Mais lui tient à son métier. Elle est autoritaire et méprisante à son égard, d’où leur rupture. Fleishman est sympathique, il expose ses faiblesses, ses envies, ses jalousies, ses états d’âme ; il adore ses enfants et s’occupe d’eux, passe bcp de temps avec eux. Alors qu’ils ont une garde alternée, Rachel disparaît et Fleishman se retrouve obligé de les garder à plein temps, ce qui bouscule son emploi du temps, lui occasionne de perdre la promotion qu’il attendait comme chef de service, et fout la merde dans sa vie et son organisation. A la fin du bouquin, tout d’un coup c’est Rachel qui prend la parole et raconte ce qui lui est arrivé, pourquoi elle a disparu tout d’un coup en abandonnant ses enfants. En fait, elle a pété les plombs, elle subit un burn-out et elle raconte sa vision des choses. Elle a un amant depuis qqs temps et il l’emmène dans un espèce d’ashram pendant un we, mais au lieu de revenir en ville pour prendre la garde de ses enfants et alors que son amant l’abandonne et repart, elle reste là et essaye de se ressaisir, mais en fait elle est à bout. C’est intéressant cette partie qui lui donne la parole, et on voit bien qu’elle aussi à sa manière a aimé son mari et qu’elle aime bcp ses enfants, bien sûr, et elle considère qu’elle fait ce qu’il y a de mieux pour eux. C’est une vision très américaine et plus particulièrement très new-yorkaise, mais nous ici en Europe, on n’a pas le même sentiment sur les choses. On ne peut pas y souscrire parce que pour nous, « ce qu’il y a de mieux » n’est pas du tout toute cette vie frelatée des gens riches, au contraire ça nous débecte, ce qu’il y a de mieux pour les enfants est bcp plus spontané et imaginatif, et créatif. Mais même cette dernière partie est intéressante et surtout toute l’histoire de Fleishman. Le ton est vif, amusant, bcp d’humour, une plume caustique, mais pas superficielle. Ça fait un peu penser à Woody Allen des fois. Fleishman est attachant ; il n’est pas snob, il est naturel. Il aime aussi la musique, les livres, la culture, mais de façon tranquille et personnelle, pas juste pour se faire bien voir. Et ça fait du bien d’être au courant de ce qui se passe dans le monde contemporain, mais dans un roman où le personnage principal est un peu notre alter ego, malgré des conditions tout à fait différentes géographiquement et socialement.

Nounours30
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le 29 oct. 2024

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