Asimov est l'un des pères de science-fiction moderne. Aïzek Azimov est un écrivain américain, né vers le 2 janvier 1920 à Petrovitchi, en Russie, et mort le 6 avril 1992 à New York. Professeur de biochimie et universitaire, il est surtout connu pour ses livres de vulgarisation scientifique (plus de 500 au total) et pour ses œuvres de science-fiction. Ces dernières sont devenues au fil du temps des classiques de la littérature d'anticipation.
Débuté en 1942 sous forme de nouvelles et achevé en 1986 avec Terre et Fondation, le cycle de Fondation est une pierre angulaire de la science-fiction moderne, malheureusement adapté de façon terrifiante sur le petit écran par David S. Goyer. Le roman Fondation publié en 1951 est un des classiques de la science-fiction américaine qui au même titre que Dune d'Herbert est une oeuvre visionnaire. De nos jours, l'analyse des mégadonnées - appelé Big data - est utilisé dans la recherche, la politique, la gestion des ressources... et peut-être un un jour en histoire. C'est ce que développe Isaac Asimov à travers son concept de psycho-histoire.
le roman Fondation paru en 1951 est le recueil de nouvelles parues pour quatre d'entre elles entre 1942 et 1944 dans la revue Astounding Science Fiction. On lui en a ajouté une cinquième pour publier cette oeuvre magistrale au style limpide. Car chez Asimov pas de digressions verbeuses. On a ainsi publié entre 1951 et 1953 trois romans: Fondation, Fondation et Empire, Seconde Fondation. Après une rupture de près de 30 ans, Asimov reprend son cycle sous la forme de deux suites: Fondation foudroyée et Terre et fondation. Il faut ajouter deux romans que l'on pourrait définir comme des préquels : Prélude à Fondation et L'aube de Fondation (paru en 1993 à titre posthume). Il ne faut pas oublier d'ajouter à ce cycle, celui des Robots. C'est donc l'oeuvre d'une vie vouée à l'écriture.
En tant que tel, le cycle de Fondation a une place centrale dans l'histoire de la science fiction. Il est considéré comme Dune de Franck Herbert en tant qu'oeuvre d'anticipation qu'il faut avoir lu. Il présente une histoire du futur qui va couvrir plus de 20 000 ans. Isaac Asimov a réussi la gageure de nous présenter un avenir se basant sur la science. En effet, celle-ci est prégnante. On perçoit que pour l'auteur l'avenir de l'homme ne peut passer que par elle. On ressent une certaines vénérations pour les scientifiques, caste dont il était un membre éminent par son apport à la vulgarisation scientifique.
Nous sommes 22 000 ans dans le futur. L'humanité a investi l'espace et de nouvelles planètes en les terraformant, alors que le souvenir de la Terre est tombé dans les limbes. Cette dernière n'est plus qu'une légende disant qu'elle serait devenue inhabitable. Règne sur cet espace un empire qui a pour capitale une planète appelée Trantor. Au début du roman Fondation, Asimov dit avoir été inspiré par l'Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain écrite par Edward Gibbon à la fin du XVIIIe siècle . Nous pouvons penser que cet empire est à son paroxysme, un mathématicien du nom d'Hari Seldon révèle que l'empire est déjà dans une phase de stagnation politique, de déclin même, grâce aux statistiques. A ce déclin inévitable suivi d'un âge barbare durant mille ans, ce scientifique propose à l'empereur de réduire ce temps en créant une Fondation regroupant des scientifiques de tous horizons sur un planète éloignée et à peine terraformée, appelée Terminus. On va suivre l'évolution sur un temps un long de cette Fondation au cours de cinq romans. On va suivre ainsi l'histoire d'une civilisation, de sa naissance à son "apogée", fondée sur le concept de psycho-histoire. C'est un changement politique que nous propose Asimov. Pour lui, un régime politique doit évoluer afin d'éviter la stagnation et l'effondrement d'un empire. Il s'est inspiré de l'Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain écrite par Edward Gibbon à la fin du XVIIIe siècle et dont la thèse est que la chute de l'empire romain est le résultat de sa conversion au christianisme. Cette question de l'avenir de l'empire est déjà présente dans les oeuvres de penseurs romains comme Tacite. Asimov a toujours été fasciné par l'antiquité romaine. Sa République romaine vient d'être édité en français. Le côté décliniste que l'on vit aujourd'hui n'est donc pas du tout nouveau. Le thème du déclin trouve des échos dans le cycle de Fondation.
Il faut dire que la science fiction est aujourd'hui présente dans la pop culture. Nous sommes abreuvés de séries et films dystopiques qui ont pour objectif de nous faire accepter un présent lui-même dystopique: Etat policier, crise climatique... Nos sommes dans un univers apocalyptique décrit par des auteurs de science-fiction il y a des décennies tels que John Brunner, Harry Harrison et ben entendu Aldous Huxley et Georges Orwell. Toutefois, des oeuvres comme celle d'Asimov nous permettent de comprendre le présent. Bien entendu, cet auteur ne va pas aussi loin que Ian Banks dans son cycle de la Culture qui nous décrit une société utopique. Mais il nous permet de nous projeter dans un autre possible. Il nous présente différentes sociétés composées d'êtres humains également différents. On peut alors être optimiste sur l'avenir de l'humanité, dans sa capacité à évoluer face à l'adversité. C'est ce qu'il propose à travers son concept de Galaxia.
Bien entendu et je suis le premier à le déplorer, il est indéniable qu'Isaac Asimov est misogyne et qu'il a eu un comportement lamentable envers la gente féminine tout au long de son existence. Son ami Heinlein, catalogué souvent d'horrible réactionnaire ce qu'il est au demeurant par bien des aspects, est un progressiste dans ce domaine. Mais, je trouve qu'il a évolué positivement n'en déplaise à certains. Ainsi, et c'est peut-être pour cela que je le préfère, le personnage de Joie dans Terre et Fondation est essentiel. Elle est forte et n'est pas un simple faire valoir. Et surtout, il ne faut pas oublier que Fallom est un hermaphrodite aux caractéristiques plus féminines que masculines voué-e à fonder Galaxia.
La science est un art du présent. Le cycle de Fondation présente des enjeux actuels: comment arrêter l'inévitable auto-destruction de l'humanité? Comment sauver la Terre? L'urgence climatique peut être comparé à l'urgence pour l'empire galactique d'évoluer. Le cycle de Fontation permet de réfléchir sur le destin de l'humanité. Certains peuvent y voir une sorte d'espoir dans la capacité de l'être humain de s'adapter. Ils parleront de résilience. Quant à moi, je pense plutôt que la disparition de l'humanité ne peut être que bénéfique. L'homme est voué à disparaître au profit d'autres espèces. Le cycle de Fondation permet de relativiser. Les civilisations sont vouées à disparaître, ainsi que les espèces animales. Par son dénouement, Isaac Asimov remet l'homme à une place modeste.
Le cycle de Fondation nous permet de réfléchir sur les notions de pouvoir, de destin...