Critique de Shaynning
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le 23 oct. 2022
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Incontournable Roman Mars 2024
Le 4e membre de la petite fratrie de romans intermédiaire de Madame B.-Pilon est arrivé! Cette fois, nous allons traiter de diversité corporelle, de grossophobie et du sport au féminin.
Naïla adore la gymnastique et elle est désormais au niveau de compétition. Sa mère lui a même confectionner un superbe léotard turquoise et corail spécialement pour son nouveau club. Cependant, quand Naïla arrive pour son premier cours, c'est le début de toute sorte d'incidents. Heureusement, son entraineuse, son amie Nolwenn et sa mère sont autant de personne pour l'encourager, déconstruire les préjugés et croire en son potentiel.
Comme Naïla le dit, il y a une graduation dans les violences. Ça commence par les regards désapprobateurs ou perplexes, puis, ce sont les mots moqueurs ou insultants et enfin les gestes maladroits. Pour les yeux, nous en avons un exemple durant son enregistrement à son premier cours, où la personne pense en la voyant qu'elle est dans le mauvais groupe. Pour être claire: On a présumé un bas niveau chez elle en raison de la forme de son corps. Pour les mots, on a l'exemple où Naïla doit produire une routine libre et où une des gymnaste sous-entend qu'elle doit être forte en "roulades". Enfin, pour les gestes, il y a l'exemple de cette gymnaste qui croyait avoir deviné le sac d'effets personnels de Naïla du fait du grand nombre de barres chocolatées contenues dedans.
Tout comme Éloïse, dans le tome précédent, Naïla subit les associations erronées ou stéréotypées de construction sociales bien établies, qu'il nous faut maintenant déconstruire. Ici, il s'agit de la construction des personnes "grosses" , dont même le terme me semble inadéquat. En effet, les personnes avec des formes plus généreuses, une stature plus costaude et une silhouette qui n'est pas le typique filiforme si abondamment glorifié dans nos canons esthétiques occidentaux, sont-elles réellement "grosses"? On prête à ces personnes toute sorte de faussetés, sur leur gourmandise, par exemple, ou encore leur inertie. Or, Naïla n'est ni une gourmande ni une jeune fille oisive, peu s'en faut. Inversement, toutes les filles minces ne sont pas forcément active ni bien alimentée. Ce sont des associations préjudiciable à faire, car sans connaissance de la personne, ce sont de purs préjugés et ultimement, le risque, c'est de miner l'estime des personne et les faire culpabiliser, pas de ne pas être en santé, mais de ne pas être "dans la norme". Et ça ne les aide certainement pas à aimer le seul corps qu'elles ont. C'est d'ailleurs cette référence à la norme qui fait en sorte que tous les mots, regards et comportements ne sont pas forcément "malveillants" . La plupart ayant intégrés les constructions entourant la norme, pour les gens, il s'agit de traiter "un fait", alors que non, il s'agit d'un "préjugé" basé sur nos constructions, nos références. C'est ce qui expliquait le malaise qui a prit la plupart des personnages qui ont blessé Naïla: Ils ne voulaient pas mal faire, ils ont présumé d'un fait qui n'en est pas un. Mais même s'ils n'étaient pas "mal intentionnés" , ils restent dommageables.
Autre élément sur le plan corporel, Naïla, avec la forme de son corps, n'entre pas dans le maillot aux couleurs de l'école. Il existe souvent ces genre inhomogénéité corporelle dans le monde du sport, me sembe-t-il, et cela ne doit pas contribuer à faciliter la place de tous les enfants et adolescents dans le monde du sport. La solution proposée est de concevoir des maillots pour chaque gymnaste. C'est un peu utopique et cela a été réalisé car il y a avait une couturière pour le faire, mais le message reste pertinent: tous les corps sont différents et dans la pratique des activités sportives, chacun mérite le confort et l'élégance auquel ils ont droit.
Je remarque l'absence de jugement de l'entraineuse, qui a regarder d'abord les compétences de Naïla, et non son physique. Et n,a pas toléré la blague sur les roulades non plus. le sport est aussi un esprit, qui se fait dans le respect des autres sportifs. En ce sens, l'entraineuse perpétue bien cet élément important dans la discipline sportive.
J'ai beaucoup aimé le passage où la maman de Naïla extrapole sur la question de sa fille :" Pourquoi c'est mal d'être gros". Elle se met alors à donner toute sorte de sens au mot "gros" et ce qu'elle met en relief, c'est qu'il se prête à toute sorte de situations, ce n'est qu'un qualificatif souvent très subjectif, qui n'est ni "bien" ni "mal". Et la "norme" a malheureusement tendance à classer les qualificatif plutôt que de référer à une majorité. Une majorité qui n'est pas "absolue".
Enfin, je suis toujours heureuse de voir éclore des personnages féminins sportives, parce qu'on a une autre norme stigmatisante: le sport en tant qu'intérêt des gars. C'est faux, ça a toujours été faux, simplement, on donne enfin la place aux filles qu'elles auraient toujours du avoir. Et elles ne sont pas moins "filles" de faire du sport.
Nancy B.-Pilon dresse une nouvelle histoire inspirante, actuelle et ancrée dans des thèmes et enjeux réels. Il y a toujours cette aura bienveillante qui finit par donner raison à la l'expression des diversités et je lui en sied gré. Avec de nombreux exemples, un registre émotionnel bien exécuté et des personnages attachants, elle offre avec ces livres de belles opportunités aux plus jeunes lecteurs de cultiver leur esprit critique tout en passant un bon moment de lecture. La lecture est une boîte à outil merveilleuse et ludique, qui permet de mieux comprendre le monde et célébrer ses innombrables couleurs.
Pour un lectorat intermédiaire du 2e cycle primaire, 8-9 ans et plus.
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Créée
le 16 mars 2024
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