L'infortunée
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le 27 mars 2022
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Après un volume sur Louis XII assez maigrelet, la somme ici présente peut avoir des allures intimidantes : 1060 pages (sans compter les annexes) sur un Roi que l'historiographie a retenu comme symbolique de la Renaissance.
L'auteur a divisé son récit en 2 grandes parties.
Dans la première, représentant les 9/10e du volume, c'est à un récit complet que se livre Didier Le Fur. Une somme, chronologique, qui égrène les années tumultueuses d'un roi entêté à suivre les ambitions de ses prédécesseurs : arracher à l'Italie, si ce n'est le royaume de Naples, au moins le duché de Milan.
Dans l'affaire, le souverain est vite confronté à son contemporain, Charles d'Autriche dit Charles Quint, qui va éclipser en puissance la prédominance française. Les protagonistes de cette confrontation se résumant généralement au roi de France, à l'empereur Charles Quint, au roi d'Angleterre et au Pape du moment. Autour desquels gravitent les reines, frères et soeurs ou encore les lointains alliés... dans cet étrange contexte qu'est la Réforme qui se développe dans certains esprits à l'est du Royaume de France.
Tout au long de ces 900 pages, c'est une série d'alliances, de contre-alliances, de trahisons, de guerres, de sièges, d'escarmouches et de traités qui vont s'égrener d'années en années.
Didier le Fur n'est jamais aussi précis que dans le déroulé des éternelles Guerres d'Italie. A la longue celà peut parfois paraître redondant au lecteur : aux victoires et conquêtes territoriales succèdent les défaites et replis, frôlant parfois les catastrophes, pour un jeu à somme nulle. Les rares années de "paix" ne seront qu'une brève accalmie le temps de refaire quelques alliances et de lever de nouveaux impôts de guerre.
Fidèle à ses marottes, Didier Le Fur s'attache à analyser les récits hagiographiques des publicistes du roi ainsi que la symbolique entourant quelques festivités données en l'honneur du roi. C'est toutefois moins présent (en proportion) que dans les autres volumes
Mais c'est surtout dans la dernière partie du livre qu'il s'attachera à détruire méthodiquement l'image que la postérité nous a laissé de ce roi. Roi chevalier, coureur de jupons, fondateur du Collège Royal (futur Collège de France), protecteur des arts et des lettres, tout y passe. Même l'incontournable ordonnance de Villers-Cotterêts y laisse des plumes.
C'est donc avec cette dernière partie que s'esquisse, en négatif, un portrait du roi. Portrait qui manquait cruellement aux pages précédentes, désespérément factuelles. Faute de sources probantes, nous ne pouvons donc que nous perdre en conjectures sur la personnalité de ce roi, dépouillée des fantasmes que l'historiographie des siècles suivants nous aura laissé.
Le François 1er de Didier Le Fur est donc une somme savante, riche et sourcée, mais qui peut s'avérer frustrante tant le livre foisonne d'évènements, de lieux, de personnages qui ne marqueront finalement que peu la destinée du Royaume.
A titre personnel j'aurai aimé peut-être un peu moins de précision sur les innombrables acteurs des batailles et un aperçu un peu plus éclairé sur le Royaume en cette première partie du XVIe siècle. La politique intérieure n'est finalement que peu abordée, si ce n'est dans son aspect utilitariste sur l'autorité du roi et des enjeux internationaux. Il y avait pourtant probablement de quoi dire, entre la progression de la Réforme, le foisonnement de la Renaissance et les timides premiers impacts de la découverte du Nouveau Monde. Mais j'imagine que c'était ouvrir un chapitre sans fond.
Reste donc un ouvrage touffu mais de référence, éclairant et foisonnant pour cette première partie du XVIe.
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il y a 3 jours
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