"Dois-je donc passer pour le seul criminel, alors que l'humanité entière a péché contre moi ?"
Oeuvre classique ayant engendré un mythe qui, finalement, tel la créature, a dépassé son créateur, Frankenstein fut pour moi une surprise à lire.
Imaginant quelque chose se rapprochant de l'idée que les vieux films d'horreur en avaient rapporté, je ne m'imaginais pas tomber sur un livre d'un style romantique et baroque traitant de la nature de l'Homme, de l'acceptation de la différence, de la superficialité et l'apparence, bref, de la moralité de l'Homme dans la société et de la limite étroite entre le Bien et le Mal.
Une oeuvre nous présentant des personnages ambigües et leurs côtés sombres justement décrits, leur psychologie assez bien cernée et imaginables pour le lecteur.
Une oeuvre sur la solitude, le rejet et le droit à être aimé mais également sur la technologie, le progrès et la science.
Sur fond d'exploration arctique, la mise en abîme des différents récits est bien foutue et ne tombe pas dans un fouillis incompréhensible.
Il est aussi intéressant de replacer le roman dans son contexte de début du XIXe siècle. A une époque où l'on découvrait la présence d'électricité dans les corps et tissus animaux, Mary Shelley a utilisé et développé des idées qui apparaissaient à l'époque. On peut donc imaginer l'impact que le roman a dû avoir sur le public au moment de sa sortie; pour eux ces théories de création de la vie devaient tenir presque plus du roman d'anticipation que de la science fiction.