Déjà il faut avoir à l'esprit que cette oeuvre qui prétend analyser certains phénomènes de sociétés sous un nouveau regard est très typée "américain", pour deux raisons principalement :
- le coté "show" de l'introduction et que l'on retrouve ponctuellement dans le livre, c'est à dire le propos 'on va vous montrer un truc génial vu nulle part ailleurs'
- la nature même des phénomènes étudiés qui ne peux être reproduite à l'identique dans notre société française, il est ainsi peu envisageable d'essayer de reporter le rapport de nos sociétés avec les hispaniques et les noirs (pour reprendre le vocabulaire du livre), de la même manière que le rapport à l'éducation n'est pas comparable.
Au final, une fois que l'on fait abstraction de ces phénomènes qui peuvent déjà polluer la lecture d'un français, certaines explications paraissent complètement douteuses. J'ai particulièrement à l'esprit l'analyse de données issues du système publique d'éducation de la ville de Chicago, ou certaine justification sont corrélées par d'autres et l'on peut lire cela : "Un enfant maigre à sa naissance et signe d'une famille pauvre", sans aucun chiffre à l'appui, on ne sait si c'est un avis de l'auteur ou le résultat d'une observation des chiffres, car beaucoup de faits sont ainsi avancés de manière péremptoire sans que les auteurs n'aient trouvé nécessaire d'argumenter. Ce point me gêne pour un livre qui se veut promouvoir une nouvelle approche d'analyse, un nouveau regard. De même sur l'éducation toujours, il est de nombreuse fois références au quotient intellectuel (QI) alors que cette notion même est assez sujette à critique, mais aucun écho de ces critiques ne sera présenté ici.
Aussi bien le début fait preuve d'une certaine rigueur (à nuancer), aussi bien la suite semble partir dans tous les sens avec cette fois un vrai manque de sérieux. On a plus l'impression de voir Jerome Bonaldi à l'oeuvre que de lire Le Capital de Piketty.
Le tout est décevant car les quelques analyses intéressantes et pertinentes sont finalement celle qui sont présentes sur le quart de page ou que l'on trouve pour illustrer l'approche (l'avortement pour justifier une partie de la baisse de la criminalité), ce qui donne la même impression de voir un film humoristique dans lequel toutes les bonnes blagues étaient présentes dans la B.A (mécanisme qui se produit assez souvent d'ailleurs). Il d'ailleurs intéressant de noter cette exemple d'amende sur le retard de crèche qui est un exemple repris à l'identique dans le livre Homo Economicus de Daniel Cohen (lui est sortie 2012 soit plusieurs années après Freakonomis, j'attend avec malice de voir qui va ressortir encore cette expérience dans un nouveau livre de vulgarisation économique).
Une oeuvre donc avec beaucoup de promesse et d'ambition, mais peu seront tenues, il a pour avantage une lecture aisée et fluide (c'est qui a beaucoup contribué à son succés je pense), mais le propos en soit n'est pas forcément original mais par contre est souvent peu rigoureux. Globalement je ne recommande pas particulièrement cette lecture.