Fugitives par BibliOrnitho
Un recueil de huit nouvelles mettant en scènes des femmes à différents stades de leur existence. Il y a Carla qui tient un centre équestre avec son mari. Mais les affaires ne sont pas très florissantes. Surtout avec cette pluie qui ne cesse de pourrir cet été décidément bien sombre. Il y a également Juliet qui quitte son Ontario natal pour prendre un poste en Colombie-Britannique. Elle y trouve un époux et oublie un peu de reprendre le chemin de l’orient. Sa propre fille – Pénélope – suivra d’ailleurs ses traces en mettant à son tour les voiles vingt ans plus tard. On a aussi Grace qui, élevée par son grand oncle et sa femme, prend un job d’été dans la vallée de l’Ottawa.
Des femmes que rien ne distingue des autres. Des femmes qui, un beau jour, partent sans se retourner. Elles souffraient et n’en pouvaient plus, cherchaient quelque-chose d’autre qu’elles ne trouvaient pas dans leur quotidien, fuyaient, fuguaient ou avaient simplement besoin d’air. Des femmes qui assument leurs choix, d’autres qui se laissent porter par le hasard, qui saisissent une occasion ou manque le coche.
Des femmes qu’Alice Munro livre au lecteur dans un style sobre et épuré. Quand je lis un bouquin de l’auteur canadienne, j’ai vraiment l’impression de me plonger dans du Joyce Carol Oates. La longueur en moins. Car là où JCO excelle sur 600 pages, Munro condense sur 50. Les personnages sont vrais, crédibles, fouillés, parfaitement campés. Tout est millimétré et le style âpre (tels les hivers canadiens) et incisif donne sa force au récit.
« Fugitives » est mon second livre de Munro. Une seconde lecture réussie qui m’incite à en envisager une troisième.