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Bruno Le Maire, a choisi de mêler deux personnages fictifs ( les frères Oscar et Franz Wurtenheimer) à se joindre à des musiciens mondialement reconnus ( Horowitz, Richter, Prokoviev) ainsi qu’à des hommes politiques occidentaux ou russes ( à l’image de Kennedy, Hitler, Staline ou Poutine). Cette volonté pour créer une certaine dynamique entre la musique ,qu’il apprécie et pratique, et la politique qu’il dispense lui même au plus sommet du gouvernement français. Cependant, ce mélange des genres où l’écrivain/ministre s’adonne sur pas loin de 480 pages peut connaître quelques limites, voire quelques interférences.En effet, vous avez l’impression que la symphonie de l’histoire mondiale est aussi contrariée que les dépressions, les doutes et les moments de lumière d’illustres musiciens.Et que quelque part,la vie, l’Art et le pouvoir connaissent dès soubresauts identiques et remarquables pour que Bruno Le Maire les confronte pour tenter une démonstration plus ou moins aboutie.Mais l’essentiel ne semble pas ici, ce qui est plutôt rassurant pour l’exposition générale de Fugue Américaine. En effet, le livre s’articule autour d’un concert de Vladimir Horowitz en 1949 à La Havane où deux frères ( de dix ans d’écart) juifs New-Yorkais en apparence proches vont s’avérer très différents dans leurs destinées de vie et même dans leurs choix les plus privés ( professions, situations, trains de vie) et se perdre de vue. Quand Oskar se croit obligé à dix-neuf ans de devenir le confesseur du déroutant et fringuant Horowitz, il n’occupe plus vraiment à part entière la place de confident et de pilier alternatif qu’il avait pour Frantz, son frère aîné qui abandonnera la musique pour l’immobilier .Assez habilement, Bruno le Maire décrit cette séparation progressive entre les deux frères où finalement les notions de fragilités et de faiblesses s’opposent, se confondent pour ne pas statuer sur ces deux êtres aussi faillibles et incomplets à certains moments de leurs existences. En plus de cette relation fraternelle, Bruno Le Maire s’attache à en décrire d’autres celle de Franz avec sa femme française ou celle d’Oskar avec Julia, sa maîtresse à plusieurs reprises, celle d’Horowitz avec Wanda Toscanini. Et le lecteur constate certaines résonances mutuelles entre les personnages fictifs ou réels ( Horowitz et Frantz sont des pères inexistants, Muriel Lebaudy et Wanda Toscanini des femmes entretenues tenant à faire la pluie et le beau temps dans leur foyer. Horowitz et Oskar affirmant aussi leurs égos et de bomber leurs torses, bien conscients de leurs fragilités récurrentes, de penchants sexuels à sustenter coûte que coûte). C’est dans ces moments particuliers et plus subtils que l’auteur affirme son goût pour l’identité de ses protagonistes et semble être beaucoup plus à l’aise car c’est une récréation sur son rôle quotidien d’homme d’état et de ses impératifs. Autre point de vue à avoir sur la lecture de ce livre. Certains dialogues ou narrations sont essentiellement rédigés en anglais, en allemand, en italien, plus rarement en espagnol et en latin. Et certains d’entre eux ne sont pas traduits, ce qui pourrait désarçonner certains lecteurs demandeurs de sens immédiat, au delà des faits ( Horowitz, pianiste d’origine ukrainienne a pourtant vécu alternativement en Allemagne, en Italie et aux Etats-Unis et le fait de jongler entre ces langues pour lui,une certaine probabilité). Passant ces quelques considérations sur Fugue américaine, comment ne pas commenter ce terme qui désigne à la fois une disparition temporaire et à la fois la particularité d’un morceau musical? Bruno Le Maire oscille entre le besoin et la fatalité et bien malin celui qui pourrait trancher entre les deux réalités du mot après la lecture du roman. A l’image d’Oskar, dont l’exercice de la psychanalyse l’a aidé à y voir clair sur ses proches plus qu’à ne vouloir vraiment plus connaître les arcanes de son propre inconscient. Lecture loin d’être inintéressante, parfois très subjective sur l’exposition de l’histoire du vingtième siècle, Fugue Américaine ne laisse pas indifférent et je pense que vous devriez vous en faire une idée globale plutôt que de vous fier aux médias qui l’ont contemplé en surface plutôt qu’en profondeur.

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le 15 juin 2023

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