Critique de Shaynning

Incontournable Février 2022

Une fois n'est pas coutume, voici une pièce de théâtre! Originaire du Saguenay, écrite pour le théâtre de l'oeil, Olivier Kemeid élabore cette oeuvre assez réjouissante, comique et un brin déjanté pour "proposer une réflexion le métissage culturel culturelle, l'absurdité de la Guerre et l'importance du dialogue." C'est aussi une occasion de mettre à mal l'absurdité des rôles attitrés et du clivage de genre en malmenant de vieux stéréotypes de l'univers des contes.

L'histoire que Troubadour va vous raconter se passe très exactement à une époque si lointaine qu'on ne peut mettre une date exacte. Comme d'habitude, deux nations se faisait la guerre, avec une nation nordique qui se faisait envahir par une nation sudiste. le Héro du Sud répondait au nom d'Abderam tandis que son rival du Nord s'appelait Orlando. Ces deux bras-cassés - Pardon! - Chevaliers désiraient la mains de la même princesse, mais comme le héro du Nord l'a capturée ( Si, si, capturée) le Héro du sud s'est interposé. Yuhuan fait partie du Top 4 des plus belles femmes du monde et s'il y a bien une chose qui l'exaspère prodigieusement, ce sont les chevaliers, particulièrement ceux qui la pourchasse parce qu'elle est belle. D'ailleurs, elle s'échappera et les deux nigauds - pardon encore! - Rivaux vont se lancer à sa poursuite. Au nombre des personnages qui vont jalonner le récit, on aura Bradamante, chevalière très habile qui a le béguin pour Abderam, Mélisse, une magicienne féministe qui déteste les princesses et leur insupportable condescendance, un hippogriffe pour compenser la bêtise du chevalier Abderam, un orque marine visiblement peu intéressé à manger une princesse et Malek, un bon chevalier du Sud bien zozotant, qui doit aller récupérer leur Héro qui a quitté le champs de bataille si promptement.

Ce fut une lecture vraiment amusante et franchement, j'aurais aimé voir la pièce, qui est présentée avec des personnages marionnettes. On observe des prénoms de divers horizons ( Dans la pièce, ils sont tous d'ethnies différentes aussi), des personnages féminins loin d'être stupides, des personnages masculins qui finissent par interroger leur vocation militaire, des animaux qu'on voit généralement peu et des répliques vraiment tordantes. On utilise sans vergogne les anachronismes et on fait interagir le narrateur ( Troubadour) avec les héros ( ou pas) de l'histoire. En fait, ça me rappelle la série audio "Reflets d'acide", pour le côté loufoque, les anachronismes, les anti-héros et justement ces interactions entre narrateur et héros.

Le thème phare: L'importance du dialogue. Communiquer, c'est la base et c'est justement ce qui manque cruellement dans les contes. On se fout de l'avis de la princesse, on n'interroge pas ces conflits souvent débiles qui justifie de faire la guerre et on oublie que les gens ont des émotions ou même des personnalités. Aussi, on amène des personnages qui se choisissent réellement. Certains finissent en couple, parfois avec une personne du même sexe, et chaque fois, c'est par choix. J'aime beaucoup l'idée de cette lune où on trouve les fioles de "Bon sens", beau symbole!

Une lecture qui se fait facilement et somme toute rapidement, pétillant et pertinent à souhait!
Voici le site pour la version de scène (vous verrez, les personnages eux-même sont vraiment originaux!): https://www.theatredeloeil.qc.ca/furioso

"Furioso" s'inspire très librement du "Roland" de l'Arioste.

Pour un lectorat du second cycle primaire, 8-9 ans.

P.S. Pour ceux et celles qui se le demande: "Furioso" est un terme d'origine italienne qui est généralement employé dans le monde de la musique pour décrire une œuvre qui a un caractère violent ou impétueux.