Germinie Lacerteux est une oeuvre qui, au début, déroute. Elle commence, en effet, par nous parler de la maîtresse de Germinie (car Germinie est domestique, je vous vois venir petits pervers), par nous parler de sa vie difficile sur un certain nombre de pages, et on se demande alors si on n'est pas trompé sur la marchandise. Ce roman sera-t-il bel et bien l'histoire de la vie de Germinie Lacerteux ?

Et pourtant oui. Après une mise en bouche étonnante, on ne s'arrête pas là dans l'étrange. Tout un chacun, en effet, s'attendrait à une histoire suivie, au récit minutieux de jour en jour des péripéties de notre jeune domestique jusqu'à sa chute, sa fin. Eh bien non, puisque l'histoire de Germinie s'étire, s'étire sur des années. Nous glanons çà et là des bouts de ce qui fait sa vie, parfois sans ordre précis, souvent à l'imparfait et non au passé simple. Ainsi, Germinie se compose de très courts chapitres qui font des liens, en douceur, entre des moments parfois éloignés de l'existence de Germinie.

La trame de fond est simple : la chute, comme je le disais tout à l'heure. Et cela n'a rien d'étonnant quand on sait que les Goncourt furent en quelque sorte les instigateurs du réalisme. C'est donc la chute méthodique de la pauvre Germinie, émouvante dans ses déboires, qu'elle s'inflige elle-même, et dans sa psychologie poussée et grandiose, qui en fait une figure atemporelle de la passion et de la souffrance humaine, entre abandon et volonté surhumaine, dévotion et désintérêt.

La structure de l'oeuvre des Goncourt est donc pour le moins surprenante, mais d'une originalité indéniable. Elle souffre d'un autre côté d'un défaut de rigueur : on se perd, on ne comprend pas pourquoi on est face à de grands moments de silence, et la vie de Germinie est parfois un peu floue. Toutefois, c'est un livre majeur, qui a reçu les éloges des plus grands, pour ne citer que Zola par exemple. Germinie est humaine, bouleversante, c'est la cour des grands de l'analyse réaliste des caractères. Ajoutons que l'écriture, parfois un peu lyrique, est en même temps assez mesurée, délicate, et extraordinairement touchante, jusque dans les descriptions de paysages. C'est du réalisme mais dans un goût différent, plus humain et à notre portée, plus tendre ai-je envie de dire, que les grands que nous connaissons tous (bon, Zola c'est naturalisme, mais vous avez capté l'idée, puisque naturalisme = réalisme + méthode scientifique).

C'est d'autant plus utile à lire, pour élargir un peu ses idées sur le XIXe. Et c'est prenant comme il faut. Bref, de petits défauts qui créent l'intérêt même, le goût si particulier de Germinie Lacerteux.
(Et pardon pour ma critique qui part dans tous les sens.)

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le 28 déc. 2011

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Eggdoll

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