2004, sur une Mars fantasmée, vivent tant bien que mal des colons à la recherche d'une nouvelle vie, loin d'une Terre polluée et surpeuplée. Arnie Kott, sur Terre un plombier, sur Mars le chef tyrannique d'une compagnie de fourniture d'eau, règne sur la colonie. Quand il apprend que Manfred, un enfant autiste, pourrait avoir des visions du futur, il y voit une nouvelle source de profit. Il fait appel à Jack Bohlen, réparateur de son état, et lui-même ex-schizophrène, l'homme idéal pour « réparer » Manfred et le transformer en une machine à lire l'avenir.
L'histoire évoque étrangement une colonie américaine des années 60 dans l'Afrique des années 20, transposée sur Mars au début du XXIè siècle. Il ne faut pas s'en étonner quand on sait qu'en 1964, malgré son prix Hugo tout récent, Dick ne parvient à vendre aucun de ses romans de littérature générale.
Mais travestir la réalité n'est pas un problème pour un auteur comme Dick, si bien que la littérature de SF devient pour lui un moyen de gagner sa vie en publiant une série d'œuvres atypiques d'une originalité et d'une qualité littéraire inhabituelle pour le genre et qui finalement assoiront sa réputation.
De prime abord, Glissement de temps sur Mars délire beaucoup moins que les œuvres par lesquelles Dick est connu comme Ubik. On y retrouve la qualité littéraire du Maître du Haut-Château mais avec des personnages plus réussis et une histoire plus intéressante. Le roman contient bien quelques idées étranges, mais on est très loin des délires qui domineront jusqu'à la fin de la vie de Dick. C'est donc un roman plutôt soft, proche de la littérature générale, et où transpirent surtout l'immense amour de Dick pour ses personnages. C'est ce qui selon moi lui donne tout sa qualité.
Avec le recul, Glissement de temps sur Mars apparait comme l'une des cinq œuvres majeures de Dick avec Ubik, Substance Mort, Blade Runner, et Le Dieu venu du Centaure.