Elle souffre, elle est tourmentée
Pratiquement en même temps que je commençais le jeu de rôle, il y a de cela bien des décennies, je découvrais également l’œuvre de Michael Moorcock, avec principalement les fondements de son...
le 9 nov. 2022
Commençons par le commencement : contrairement à ce qui est dit, "Gloriana" n'est pas une uchronie. Pas de point de divergence avec notre Histoire connue pour ensuite dévider le fil des événements de manière logique, mais une autre Angleterre, une autre Elizabeth, tout à fait fictives. Et au cas où le lecteur n'aurait pas compris à quoi il a affaire, l'auteur prend le soin d'aborder le sujet des univers parallèles, par l'intermédiaire des expériences du docteur Dee. Histoire d'apposer à ce roman une étiquette qui correspondrait davantage au contenu : on est ici plus proche des fantasy d'inspiration historique de Guy Gavriel Kay. Mais les classifications, on s'en fiche, n'est-ce pas ? Pourtant un amateur de vin rechignera si on lui sert un verre de bordeaux pour un verre de bourgogne, et vice versa...
Le roman est dédié "à la mémoire de Mervyn Peake", ce qui est loin d'être anodin : l'ombre de Gormenghast plane sur le palais de la reine, construction cyclopéenne, délirante, nid de multiples intrigues, avec ses recoins plongés dans les ténèbres où vivotent des personnages inquiétants, ses couloirs labyrinthiques et oubliés du commun des mortels... Mais une copie valant rarement l'original, ce roman de Moorcock demeure, à mon sens, bien inférieur au chef-d’œuvre de Mervyn Peake.
Ceci étant, connaissant mal le théâtre de Shakespeare et de ses contemporains, je suis persuadé d'être passé à côté de références et d'avoir perdu une partie du sel de "Gloriana". Car le théâtre est, en effet, au cœur du roman. Le palais, où se déroule la majeure partie de l'intrigue, n'est rien de moins qu'une immense scène baroque ; les personnages principaux apparaissent comme des acteurs entourés d'innombrables figurants, leurs vêtements comme d'extravagants costumes de scène, leurs dialogues comme un échange de répliques consciencieusement récitées. "All the world's a stage" !
"Gloriana" est considéré comme un roman "à part" dans l'œuvre pléthorique du père d'Elric. S'agit-il d'un euphémisme pour parler de roman mineur ? Dix ans après l'avoir lu, je garde des souvenirs forts de "Voici l'homme" ; à l'inverse, bien que cette lecture fût globalement plaisante, je ne crois pas qu'il me restera grand-chose de "Gloriana" dans quelques semaines...
Créée
le 23 févr. 2020
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