Le Gorgias de Platon s’articule autour d’un questionnement sur la parole : « [le bien parler] est-ce le meilleur des arts, ou l’art du mensonge ? » de fait, l’oeuvre traite les différents usages de la parole : rhétorique, parole politique… Ensuite, Platon traitera plutôt de la notion de justice, du bien, et du mal.
L’oeuvre s’engage dans un dialogue où Gorgias échange avec Socrate quant à l’unicité de la rhétorique [=art de persuader] dans lequel il en ressort que non, la rhétorique n’est pas « la seule ouvrière de persuasion » puisqu’il y a aussi l’arithmétique par exemple. Puis, Socrate soutenu par Gorgias, affirme que savoir et croire, la science ou la croyance, s’avèrent être des choses bien différentes car des croyances peuvent être fausses, d’autres vraies, quand la science ne peut être fausse (car elle est soumise à la communauté scientifique). Alors, les compères en arrivent au fait qu’il existe deux sortes de persuasion : une par la croyance (hors science) et une qui produit la science.
Ainsi, Gorgias affirme que la rhétorique est de la forme de cette première persuasion. Elle est donc en partie délégitimée. De plus, la rhétorique ne constituerait qu’une forme de plaisir de la parole (au même titre que peur être le plaisir de la cuisine) et ne tiendrait en aucun cas d’une forme « d’art » (selon la définition socratique de l’art). Dès lors, Socrate subsume la rhétorique dans la flatterie, cette dernière qu’il perçoit comme mauvaise. Alors, pour Socrate l’art découlant de l’âme est la politique (divisée entre la législation et la justice) quand celle qui découle du corps est la gymnastique et la médecine. Dans les deux cas, ces deux sous-notions (législation+justice/gymnastique+médecine) ont un rapport particulier mais présentent aussi des différences et finalement, le tout tient également de la flatterie ceci semblant donc former un tout mauvais.
Ensuite, sorte de transition vers une idée de justice, Socrate évoque l’inaction des orateurs puisque de sorte ils n’agissent pas (bien qu’ils fassent ce qu’ils aiment). Puis, Socrate comparera la personne injuste à une personne malheureuse et ainsi, il vaut mieux subir une injustice plutôt que de la commettre après avoir expliqué que le beau et le bon sont synonymes et que cela s’oppose au mauvais et au laid (synonymes également). Or, tout ceci le pousse à élever des théories qui peuvent être facilement corrompues si on rejette ce principe.
Toutefois, Socrate évoquera ensuite de façon juste les différents maux de l’Homme : le vice de la fortune - pauvreté -, du corps - maladie -, et celui de l’âme - injustice - lesquels correspondent respectivement aux domaines économique, médical et judiciaire. Mais, pour Socrate, le plus grand des maux serait celui de l’âme (compréhensible pour l’époque puisque la peine de mort et les peines en général étaient physiquement bien plus éprouvantes qu’aujourd’hui).
Quant à Calliclès, il constatera que dans la nature le meilleur et le plus fort ont plus que le bon ou le plus faible tandis que la loi lutte contre cet ordre qu’elle nomme injustice. Socrate, lui rétorquera que meilleur et plus fort sont égaux (largement contestable, en témoigneront les travaux de Darwin et du « survival of the fittest » autrement dit, de celui le plus adapté à son milieu (c’est un erreur de comprendre « la loi du plus fort » au sens physique du terme)). Et finalement, Socrate dira que si le sage et le brave sont bons, les lâches et les insensés sont méchants mais qu’ils peuvent être bons s’ils ressentent de la joie. Enfin, certaines âmes sont forcément injustes bien qu’ont puisse ne pas les percevoir comme tel, c’est le cas de l’âme du souverain, ce dont témoigne Rhadamanthe [= fils de Zeus et d’Europe].
Pour résumer, si cette oeuvre creuse très bien l’idée de parole, de la place de la rhétorique etc, j’ai difficilement accroché à cette oeuvre puisqu’elle devient beaucoup plus floue dans sa seconde partie sur la justice. De plus, l’égocentrisme de Socrate et sa position de savant qui veut engager un pseudo-débat m’ont complètement bloqué dans ma lecture.
On ne réfute jamais la vérité
(la citation précédente m’a fait halluciner, persuadé d’avoir raison Socrate prévient qu’il ne veut être contredit durant son propos). Et, pour être honnête, j’ai dû abandonner plus de trois fois la lecture de ce livre que j’ai fini sous la contrainte. Donc, bien que je sois conscient de ma méprise envers Socrate, je pense que c’est ce qui m’a bloqué et a justifié cette note et que cette œuvre demeure un classique qu’il faut avoir lu.