you can't dodge the vortex
Dantec est un de ces écrivains qu'on aime, qu'on déteste, qu'on déteste aimer où qu'on aime détester. Chacun de ses romans est une plongée dans l'abysse. L'abysse d'une prose hypnotique,...
le 9 oct. 2010
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Comment expliquer le charme de Dantec ? Malgré tout. Malgré le personnage, les clins d’œil à la réaction, l’américanisme forcené ou le côté blockbuster de l’écriture de certaines scènes. Oui, malgré nos propres résistances à cette néo-apocalypse chrétienne-rock-n-roll, malgré les longueurs, les délires mystiques, et bien d’autres tics.
Welcome to the Territory
Ce livre a du charme, parce qu’il a un style et une naïveté d’une grande force. Qu’il plaise ou non, avec son cœur ultraviolet ultramort et ultramontain, Dantec réussit à écrire avec la plus intense conviction que l’écriture, la vision, la pensée se lient dans une grande fusion d’intensité. Il y a une infinie jubilation dans l’écriture de Dantec. Sa façon de transcrire les visions de l’Apocalypse chrétienne en un récit de SF est à la fois conforme à ce qu’il y a de plus décérébré dans le scénario, dans les images, et en même temps arrive à y faire rentrer la métaphysique. Parfois même une certaine forme de poésie.
Certes c’est très maladroit dans les références patristiques, et moins travaillé qu’on le croit (si je compare au travaille de Tarkos dans Processe que je viens de lire, mais les Racines du mal montraient déjà que Dantec prenait toutes les libertés avec les textes, Deleuze-Guattari à l'époque) car finalement la « Bibliothèque » ne sert pas à grand-chose. Mais le fait que le monde tienne à un convoi d’une bibliothèque vaticane dans un immense camion parcourant les étendues américaines, accompagné de mercenaires est une image assez improbable et quelque part réjouissante. Une sorte de Mad Max qui rencontre Borges sur un buggy Vatican III.
Cette conviction que l’extrême métaphysique la plus abstraite et l’action la plus folle puissent se conjuguer est vraiment jouissive, assumée avec le plus grand bonheur.
Le déséquilibre du livre est celle d’un long, très long prologue aux Événements (laissons-nous aller à la grandiloquence), qui est en même temps la plus réussie. La fin, le rôle au final de la « Bibliothèque », ainsi que la solution au virus et le récit réinterprété de l’Apocalypse est très rapide, et globalement assez décevant. Reste que l’on a été électrisé.
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Créée
le 28 juil. 2017
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