Onfray dégaine son bréviaire jaunissant, son codex de la jacquerie, le journal de bord qui suit en temps réel le déroulé explosif de la giletterie fluorescente. Et Onfray les aime ses gilets jaunes, ses français désargentés pour qui il cherche activement les responsables de leur appauvrissement. Ils les aime pour peu qu'ils ne soient pas majoritairement antisémites ou sur la pente qui y conduit, auquel cas il romprait toute solidarité avec eux.
Pour Onfray, le coupable de toute cette effervescence, et c'est là la primauté de sa thèse, n'est autre que le maastrichien. Cette conceptualisation fait figure d'ennemi inextinguible (tous les opposants plus ou moins bien intentionnés qui s'opposent à notre sainte souveraineté).
Il rend hommage aux quelques femmes emblématiques de cette révolte avortée à qui il rend grâce d'avoir des taux de testostérone moins élevés que leurs homologues masculins.
Il ne digère pas le retard à l'allumage des organisations de gauche. Pire, il leur reproche d'avoir été hostiles aux gilets jaunes sur les premières semaines pour mieux les récupérer après, les noyauter et participer à leur essoufflement jusqu'à l’éteignement final. La vraie droite n'est pas non plus exempte de quelques critiques mais elles sont moins détaillées, mois abondantes.
Onfray fait plaisir quand il se risque sur le glissant comme lorsqu'il affirme que des policiers infiltrés ont pu participer aux dégradations, que les black blocks sont les alliés objectifs du pouvoir puisqu'on les laisse casser sans réprimande et, clou du spectacle, qu'il comprend ceux qui fréquentent le net des conspirations, qu'à force de côtoyer le vide médiatique , on se rue à juste titre vers la substance même si celle-ci n'est que pur imaginaire.
Pour conclure, un livre qui ne fait pas tache dans la bibliographie du philosophe, un compte-rendu juste et honnête des événements jaunes. Le seul coté négatif est la redondance de sa dénonciation du maastrichien, pas que je ne sois pas d'accord mais au bout de la centième fois ça commence à devenir lourd. On a compris Michel, inutile de marteler !
Samuel d'Halescourt