Premier inédit de Céline à sortir, ce texte relativement court raconte comment Ferdinand est devenu invalide et surtout comment il s'est fait branler par son infirmière à l’hôpital.
Je devais lui plaire à la môme, d’emblée. Elle était pas répugnée. Elle me lâchait plus le zobar. Je me dis : faut-il sourire, faut-il pas ? Faut-il avoir l’air aimable ou l’air inconscient ?
On ne va pas se le cacher, c'est un réel plaisir ! Les amateurs de l'auteur se régaleront, ça valait le coup d'attendre soixante-dix ans pour le lire. Les descriptions sont d'une violence rare, que ça soit l'état de son corps après sa blessure ou bien sa manière d'embrasser son infirmière, sa manière de parler de son sexe, de ce qu'il fait avec... C'est totalement répugnant et en même temps jubilatoire tant c'est bien dit.
Je lui attrape la bouche, les deux lèvres, je lui suce les dents, entre les dents, la gencive avec le bout de ma langue. Ça la chatouillait. Elle était contente.
En fait le style est encore une fois si fluide, si prenant, si jouissif à lire
J'ai commencé à noter les passages que j'appréciais tout particulièrement et je me suis retrouvé à tout surligner... et j'ai arrêté. Il y a quelques phrases qui restent :
J’ai attrapé la guerre dans ma tête. Elle est enfermée dans ma tête.
Je n'ai finalement rien à dire, si ce n'est que je l'ai dévoré, que c'était délicieux, que j'en veux d'autres... que le fait que ça soit court permet de ne jamais se perdre, de ne jamais baisser en régime. C'est que de l'excellence tout du long... et il faut le lire.