C’est un roman autobiographique, un témoignage. Velibor Colic narre au présent de l’indicatif les grands souvenirs de sa vie. Il a quelque chose d’intéressant à conter, historiquement, humainement et littérairement, car il est un véritable écrivain. Il a ce désire d’écriture depuis l’enfance et sa volonté de prose poétique est manifeste, parfois un peu trop à mon goût.
Velibor est un exilé, il vient d’un pays qui n’existe plus, la Yougoslavie. Son roman s’articule en 3 actes.
- Le premier parle de sa situation lors de l’écriture de cet ouvrage, on est en période COVID, lui à Bruxelles et cherche de quelle maladie il souffre et comment en guérir. C’est une maladie auto-immune rare qui provoque des lésions cutanées douloureuses et des aphtes monstrueux. Il parle de la vie, des femmes, de son histoire avec l’alcool et parfois, surgi dans le fil de la lecture des flashbacks sur son enfance paisible et heureuse ; les drames ne le touchaient pas plus que ça enfant, c’est ainsi.
Selon moi, c’est la partie la plus chiantes du bouquin. J’ai ramé pour m’intéresser au parcours médical ainsi qu’aux souvenirs altérés et contaminés de poésies de la prime jeunesse de l’auteur. Il parle de ses amours avec une position désuète et idéalisée qui me laisse perplexe.
- Le deuxième acte est le cœur du livre et m’a complètement happé. La guerre s’installe là où il est, elle tombe littéralement sur ce pays et la vie amusante de Velibor alors DJ dans une station de radio locale. A 27 ans, ce grand rêveur fan, de rock et poète dans l’âme est enrôlé de force dans l’armée croate… Son récit de la guerre à hauteur de tranchées est un témoignage puissant, sans emphase, sans romantisme ni élan de bravoure, on n’est pas chez Hemingway. Pour Velibor, le patriotisme c’est pour les cons, à la guerre on a peur et on survit en ayant peur. C’est la peur, la puanteur, la pourriture, la mort et la fin de toute dignité. Il insiste sur les aspects les plus trivialement crades mais avec sa prose. N’empêche Velibor passe beaucoup de temps à se masturber (littéralement il raconte ses branlettes de soldats) pas de place pour la pudeur du corps et des pulsions.
- Le troisième acte, plus court, c’est la fuite, la désertion.
Alors j’ai eu du mal avec la première partie mais le récit de guerre de Velibor, je l’ai dévoré. Il y a certains moments où les phrases et réflexions ont vraiment résonnées en moi. On souhaite ne jamais être confronté à ce qu’il a vécu et ne jamais avoir à comprendre ce que cela fait de vivre ça.
J’ai versé ma petite larme à la fin de ce livre qui finit par être très touchant.
« Ce qui a existé jadis existe pour toujours » (Velibor Colic)