Le cycle de Michel Robert prouve par ce tome qu'il atteint ses limites. Selon moi "guerrier des lunes" est de loin le moins bon tome de la série, et ce pour bon nombre de raisons.


L'histoire : Cellendhyll et son tempérament orageux sont la cause de nombreux soucis. Après un incident de trop, il subit une dérouillée infligée par le puissance Archimage du Chaos, père de son maitre Morion. C'en est trop, Cellendhyll décide de reprendre sa liberté aussitôt, il se réfugie donc dans la cour de la Lumière, auprès de l'Empereur Priam. Dès lors lié aux machinations diverses de ladite cour et aux pressions subtiles de l'Empereur, Cellendhyll se retrouve embarqué dans de nouvelles aventures, y compris une enquête sur des meurtres sanglants aux confins du domaine de la Lumière aux cotés de la séduisante Phénix, agent personnelle de l'Empereur.


Les déceptions sont multiples ici. Tout d'abord Cellendhyll perd son coté d'ange colérique mais flamboyant et s'apparente ici de plus en plus à un adolescent, emporté par ses crises d'indépendance, de rage, de jalousie et de bon sens (non je blague, le dernier point n'a rien à faire dans ce tome).


L'intrigue ensuite : la crise qui cause la fugue de Cellendhyll est un simple quiproquo, qui arrive comme un cheveux sur la soupe, pourrait être expliqué en deux minutes si le bienveillant/omniscient Archimage du tome précédent ne s'était pas transformé pour la circonstance en un tyran doté des capacités d'analyse d'un parpaing. Du coup dès le début le prétexte aux nouvelles aventures est peu crédible. Heureusement la fuite de notre "héros" survient avant que les incohérences de l'intrigue arrivent à le rattraper.


Le domaine de la Lumière, coeur du puissant Empire de la Lumière, cour impressionnante d'un Empereur quasi divin, siège des machinations les plus subtiles... n'est qu'un canular survendu. En fait il s'agit plus d'un théâtre pour le plaisir dudit Empereur, avec force de vins et de femmes aux mœurs légères. La subtilité ici se retrouve de nouveau confrontée au pré-cité parpaing, car l'essentiel de l'action ici se résume à un combat de coq avec un aristocrate fort en gueule et un peu de sexe entre notre ange assassin et diverses femmes. Mais attention, il s'agit ici de l'oeuvre d'un gentleman ! Je ne m'attendais pas à des intrigues politiques du niveau de Dune, mais il y avait quand même matière à faire quelque chose... dommage !


Enfin, la troisième partie du roman, l'enquête est peu intéressante car trop bâclée avec es personnages stéréotypé auxquels on a pas le temps de s'attacher. Il aurait fallu plus d'enjeux, de détails ou simplement de temps pour accrocher, au choix.
Soiler :


Le final est un énième combat que j'ai fini par sauter tant il s'éternisait et était redondant avec les précédents. Evidemment le méchant survit pour pouvoir revenir dans un prochain tome. Et finalement pour sauver son aimée, Cellendhyll doit accomplir l'impensable : rentrer dans le système en jurant allégeance à l'être le plus puissant au monde. Ciel, où est passée la liberté de tuer tout le monde ? Le pouvoir de vivre sa vie sans se préoccuper du monde ?! Me voilà bien déçu par ce final en pétard mouillé qui ne me choque pas autant qu'aurait aimé l'auteur...


De manière générale, le concept de l'assasin libre, bordélique, violent mais au passé obscur à perdu de son intérêt pour devenir progressivement une brute violente en chaleur qui boude dès qu'on lui demande de faire quelque chose. Les combats, jadis si hauts en couleurs sont devenu des schémas du type manga :



  • A) Cellendhyll rencontre un ennemi.

  • B) Cellendhyll lui met une raclée à mains nues/avec sa dague

  • C) Si ça ne suffit pas, il entre en transe de combat et devient super rapide

  • D) Si ça ne suffit pas il entre dans une transe encore plus balèze et devient super méga rapide

  • E) Si ça ne suffit pas, le pouvoir de l'amouuuuur lui donne encore plus de force pour fesser ses ennemis,surpassant même la vielle technique secrète utilisée par les adeptes et transmise dans le plus grand secret depuis dix huit générations.

  • F) Si ça ne suffit pas, Cellendhyll est blessé gravement, mais son ceur de Loki magique le régénère en une nuit, et on peut recommencer à l'étape B) avec le buff supplémentaire de tout come back qui se respecte.


Et je n'exagère pas. Malheureusement. Le guerrier en difficulté du début est maintenant un dieu de la mort. A vouloir faire toujours plus fort, rapide, mortel... Il n'y a plus rien de vraiment menaçant/réaliste dans le récit.


Du coup, si on enlève les combats devenus superflus, les "romances" (contenant ou non de la sodomie/l'inceste selon si vous êtes un gentil ou un méchant), et l'intrigue encore plus maigre qu'auparavant avec ses enjeux inexistants... il reste ma foi d'assez bonnes descriptions architecturales et des vins de qualité.


Les premiers tomes étaient mon plaisir coupable : certainement pas de la grande littérature, mais une fresque sombre, avec un héros ayant suffisamment de problèmes pour qu'on s'y attache, et de l'action à tour de bras. Là j'ai bien envie d'arrêter la série pour limiter la casse...

Cluric
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le 19 août 2015

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Cluric

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