Guide de survie en film de zombies
Je suis quelqu’un de prévoyant et de prudent. Je vérifie plusieurs fois que j’ai bien toutes mes affaires, que j’ai éteint la cafetière en partant ou que j’ai bien fermé la porte à clé. Aujourd’hui, par exemple, un cyclone est à proximité de notre île. Du coup, hier, j’ai rempli un jerrycan d’eau potable, j’ai des bougies, quelques conserves complétées par des courses dans la matinée. Et quand j’aurai fini d’utiliser Internet comme prétexte pour ne rien faire, je rentrerai les affaires qui traînent dans le jardin.
Alors quand on m’a offert « Guide de survie en territoire zombie », je me suis dit que ça pourrait toujours m’être utile. On ne sait jamais.
Je dois avouer que le titre ne trompe pas sur le contenu. L’ensemble est une liste exhaustive, pour ne pas dire rébarbative, de conseils, de lieux à aménager et de matériel à acheter. Quelle n’a pas été ma satisfaction de constater que j’en avais certains. C’est toujours ça de moins à acheter.
Par exemple, J’ai une machette (chez nous, on dit sabre). Je l’utilise plutôt pour couper des végétaux que des têtes de zombie. D’ailleurs, il faudrait que je l’aiguise, elle a du mal avec les grosses branches, alors avec des cranes… Et elle a un peu rouillé. Il ne précise pas dans le guide si c’est gênant ou pas. D’un autre côté, le zombie se fout un peu d’avoir le tétanos. J’espère en tout cas que le cyclone ne va pas me faire tomber d’arbres ou de branches. J’ai déjà perdu un papayer avec ça.
Par contre, je ne sais pas encore si des copains seraient prêts le week-end à faire un bunker de secours plutôt que d’aller se baigner à la rivière.
Même si je conçois le 2 degré, ce livre est aussi fun que mon « Le bricolage pour les Nuls » ou mon « Savoir utiliser son Nikon D5200 ». Pratique, mais ennuyeux. Même les histoires à la fin sont pour moi un pis-aller, soit parce que je ne suis pas un grand amateur de films de zombies, soit parce que l’ennui m’avait déjà contaminé.
Si jamais une épidémie de zombie atteint la Calédonie. Cela voudrait tout d’abord dire que le service de quarantaine n’a pas fait son travail (et dire qu’ils nous font chier dès qu’on essaie de faire passer un saucisson dans la valise). Ensuite, je serai bien content d’avoir lu ce livre, car les conseils y sont fort judicieux. Mais est-ce que je ne l’aurai pas oublié d’ici là ? Peut-être que je confondrai les chapitres avec « Savoir dresser son loup-garou », « Comment soigner sa peau scintillante de vampire acnéique » ou « Réussir sa reconversion professionnelle lors d’une invasion extraterrestre ». Si les morts-vivants attaquent, il me laisseront peut-être le temps de le prendre dans la bibliothèque. Encore faudrait-il que je la range. A propos de ranger, le vent est un peu fort dehors.
Au final, ce livre me sert surtout à râler pendant les films de zombies. Pas plus tard que la semaine dernière, en regardant « 28 jours plus tard », je passais mon temps à dire pourquoi ils font n’importe quoi, que ce n’est pas comme ça qu’on survit. Au moins, ça m’occupe pendant les temps morts [pléonasme].
Ce qu’on aurait dû m’offrir, c’est le « Guide du rangement rapide de jardin en temps de cyclone ».