Deux cinglés se pourchassent dans une ville qui fourmille de fous et de gens qui pestent dès qu'on leur demande de fournir le moindre effort. L'un des cinglés est un flic qui ne souhaite qu'une chose : ne surtout pas prendre part au monde qui l'entoure. Le second cinglé est un tueur en série incroyablement prolifique qui a réussi à passer inaperçu pendant deux décennies, et qui ne souhaite qu'une chose : ne surtout pas prendre part au monde qui l'entoure. On vit l'intrigue à travers ces deux personnages qui n'ont pas la moindre envie d'être là où ils sont mais qui se retrouvent forcés à se traquer l'un l'autre, et ce parallèle, assez ironique, dynamise considérablement l'histoire.
Warren Ellis prouve encore une fois sa valeur en tant qu'artiste de pop-culture. L'urbanisme new-yorkais, entremêlé de son extravagance et de sa violence habituelles, offre un cadre très vivant à ce polar divertissant. Le langage familier et la mauvaise humeur systématique, mais attachante, des membres de la police locale fournissent au lecteur un ancrage dans la réalité crasse de la ville. Pour le NYPD, peu importent les victimes, peu importe la justice, seules comptent la charge de travail, les statistiques et la politique. Ce cynisme est heureusement contrebalancé par l'humour des descriptions et personnages, et les anecdotes historiques qui tissent la toile de fond enrichissent une intrigue qui se repose parfois trop sur des hasards faciles et de chanceuses déductions. Gun machine est un polar original et amusant qui plaira à ceux qui cherchent une histoire un peu barrée.