Déjà,je suis admiratif qu’un jeune auteur de dix-neuf ans puisse produire une œuvre aussi dense au dix neuvième siècle.Victor Hugo sait déjà faire la synthèse de ses influences littéraires pour donner naissance à un livre multiple.Dans Han d’Islande,il y a du Shakespeare ( cf les résonances avec Hamlet et Roméo et Juliette) ainsi que du Walter Scott ( Hugo cite Ivanhoé parfois aux débuts de ses chapitres comme un clin d’œil révérent à l’auteur de sa jeunesse).Il faut aussi savoir que son amour contrarié avec Adèle Fouché fut le point de départ de Han d’Islande.Un roman se teintant d’épisodes autobiographiques.Pendant cinq cents pages, le lecteur tente de s’approprier l’édifice assez complexe de l’intrigue car Victor Hugo a un découpage volontairement pas linéaire. L’intérêt est de comprendre les manœuvres des personnages principaux pour saisir l’auteur d’une trahison au plus sommet de la royauté danoise, et de voir comment une manipulation d’ampleur a pu être déployée. Comme le factuel côtoie le romanesque et le fantastique,le lecteur doit suivre Victor Hugo dans des tas de directions avant d’y voir plus clair.C’est ce mélange des genres qui font de Han d’Islande un grand moment de littérature que vous ne pouvez boudez.En plus, la qualité de la langue française de l’époque et la façon de communiquer avec le lecteur par moments pour le repositionner sur des moments clés de l’histoire enrichissent agréablement l’œuvre.Han d’Islande est déjà une œuvre de jeunesse tellement annonciatrice du style de Victor Hugo que la réduire à un brouillon des Misérables ou de Notre Dame de Paris serait un raccourci un peu facile.Pour ma part,je pense qu’une œuvre comme Han d’Islande a permis à Hugo de voir qu’il fallait fluidifier sa narration et ses intrigues pour se rendre accessible à un plus grand public.Une grande leçon d’humilité littéraire pour que cette œuvre vraiment ambitieuse qu’est Han d’Islande puisse être visible aujourd’hui avec tout le recul nécessaire.