Quand il écrit "Han d'Islande", Victor Hugo, ce futur génie de la littérature, n'a que dix-neuf ans. Pas encore majeur mais déjà l'émule de grands écrivains, qu'ils soient contemporains, comme Sir Walter Scott, ou de brillants précurseurs, tels Shakespeare et les auteurs picaresques du Siècle d'Or espagnol. Car, impossible de s'y tromper, il y a bien du "Robin des Bois", du "Ivanohé", du "Hamlet" et encore du "Don Quichotte" dans "Han d'Islande". L'aventure, l'amour, l'action, le manichéisme, tous sont réunis pour servir une narration bien rythmée et bien documentée.
1699, royaume de Norvège.
Voilà déjà de quoi étonner le lecteur... mais très vite les accents shakespeariens qui accompagnent toute la mise en place du contexte de l'action le mettent rapidement dans un décor familier. Pour ne pas être trop rassurant et gâter ainsi tout dépaysement, Victor Hugo veille à mêler à son récit des éléments fantastiques : caveaux funéraires, apprentis savants disséquant les morts, géant sanguinaire se jouant de la justice des hommes, ours polaire domestiqué... Bref, entre gothique et romantisme, le roman se ménage une place confortable.
Que dire du style ? Il faut se pincer pour se rappeler que l'auteur n'avait pas vingt ans lorsqu'il a pensé et écrit cette aventure digne des grandes chansons de geste. Tout est déjà là, ne demandant qu'à s'affirmer : le verbe généreux, les descriptions précises et impactantes, les personnages superbes d'idéaux ou de fiel.
Le roman historique est un genre auquel Victor Hugo s'est essayé ici avec succès et qu'il perfectionnera encore par la suite, notamment avec son très grand "Notre-Dame de Paris". Enfin, sous la fiction de la narration se laissent entrevoir les thèmes chers à Victor Hugo et qu'il développera toute sa vie via la poésie, la littérature ou le pamphlet : l'humanité, la liberté, la justice, la foi et bien sûr l'amour.