Potter et Malefoy juniors assurent l'avenir financier de la franchise Harry Potter dans cette nouvelle fanfiction de Terminator. Les fans se réjouiront, le reste ignorera. Le résultat se trouve quelque part entre le déplorable et le divertissant.
Tout avait mal commencé à la toute fin du tome 7, dont l'épilogue navrant reste encore aujourd'hui au travers de beaucoup de gorges... les héros, casés et heureux, regardaient leur progéniture (dont Albus Severus, ce qui ne s'invente pas) s'éloigner vers un avenir radieux à bord de la mythique loco rouge. Tout était bien, nous promettait-on, et Rowling avait solennellement juré de ne plus jamais retoucher à la poule aux œufs d'or.
Mais si Voldemort avait eu un enfant ? C'est sur cette prémisse parfaitement fanfictionnelle que se construit *Harry Potter et l'Enfant maudit". Le récit est un étrange fatras réussissant à créer un personnage tête à claques mais bizarrement attachant - l'héritier Malefoy, hé oui - et échoue presque totalement à s'arracher de l'encombrant héritage Potter : une très grande partie de l'intrigue n'est pas à proprement parler neuve, mais n'est qu'une réécriture des sept tomes ayant précédé. Les auteurs n'ont pu, contrairement Rowling, bénéficier d'une certaine liberté créative : les attentes étaient trop grandes.
Le récit est donc dans la continuité du tome 7, et Albus Severus Potter, dont le nom à lui seul annonçait combien il allait douiller, se retrouve contre toute attente à Serpentard, ce qui n'est que la première étape dans ce que j'appellerai la phase "rupture" de cet épisode bonus. Une fois Potter à Serpentard, son meilleur ami devient Scorpio "mon-père-était-un-nazi" Malefoy (son père se figurait sans doute que ce nom lui assurerait beaucoup d'amis à l'école), les deux étant rapprochés par leurs difficultés à s'entendre avec leurs pères et leurs héritages respectifs.
Introduction correcte et même plus qu'agréable à lire, certes, mais il faut bien que l'histoire commence ! C'est précisément là que la sauce tourne aigre. Les deux lurons piquent un Retourneur de Temps et entreprennent de changer le passé, faisant de Harry Potter et l'Enfant maudit un... remake uchronique de la saga. "Et si Cédric Diggory n'était pas mort ?" "Et si Voldemort avait gagné ?" sont autant de questions qui n'avaient probablement pas besoin de réponses, mais dont la résolution - brève, insatisfaisante, parfaitement artificielle - fera plaisir aux fans.
Mais le titre ? me direz-vous. Qui est cet enfant maudit dont il est question ?
Les auteurs, en donnant un enfant à Voldemort, ont commis à mon sens une erreur qui entraîne avec elle toute l'histoire, car elle contrevient à un principe aussi vieux que Tolkien et qu'on ne brise pas sans une bonne raison : seul le Bien crée; le Mal détruit. Les orques ne peuvent se reproduire, ils corrompent et convertissent; Voldemort ne procrée pas, car son chemin est un chemin de mort. La symbolique, mes amis, ça compte.
Abrégeons, car les auteurs en ont été incapables. Le final est grotesque, Harry Potter se déguisera en Voldemort (la transformation est décrite comme "hideuse", rassurez-vous) et résoudra le schmilblick dans un final dantesque dans le coin d'une église. Il y aura même de la communication temporelle.
Parole tenue ! Harry Potter et l'Enfant maudit est fidèle à la volonté de J. K. Rowling de ne pas écrire de huitième tome. Ce n'est pas un huitième tome, et elle ne l'a pas écrit : il ne s'agit que d'une fanfiction théâtrale. Harry Potter n'a plus de raison d'être, et il est grand temps de remiser la série dans un coin de placard, là où elle a commencé.
Oups