Illusions perdues.

Paru en 2000 et explosant les records de vente à sa sortie, confirmant son titre de véritable phénomène littéraire, Harry Potter et la coupe de feu est la quatrième aventure du petit sorcier à lunettes imaginé par la romancière J.K. Rowling, et la pièce centrale de la saga.

Au ton de plus en plus sombre des deux précédents volets, Harry Potter et la coupe de feu répond par une certaine légèreté proche du premier, semblant privilégier des enjeux plus artificiels, du moins en apparence. Car si le point de départ laisse présager une aventure inoffensive, et si l'ouvrage prend son temps pour nous plonger dans le vif du sujet, l'auteure a l'intelligence de profiter de sa longue introduction (la coupe du monde de Quidditch), pour placer l'air de rien des éléments importants pour la suite des évènements.

L'ensemble du livre se suit agréablement, mélange efficacement humour, suspense et embryon de romances, épousant plutôt bien l'état d'esprit de ses jeunes protagonistes plongés en plein âge ingrat. Une écriture simple mais avant tout au service de l'histoire et de personnages attachants que l'on a appris à aimer au fil des aventures, ce qui compense allégrement certaines facilités et autres redondances.

La romancière nous laisse en terrain connu et s'arrange pour nous faire baisser notre garde en lecteurs habitués que nous sommes, avant de nous coller une sacrée mandale en pleine poire au cours d'une ultime partie traumatisante. Car illustrant bien plus qu'une simple compétition entre sorciers boutonneux, Harry Potter et la coupe de feu marque une rupture indéniable dans la série, abandonne définitivement le monde rassurant de l'enfance pour celui, plus trouble, plus dangereux, plus incertain de l'adolescence et de l'âge adulte.

Cruelle et déchirante, incroyablement courageuse si l'on tient compte de la monstrueuse machine à fric qu'est la saga, la conclusion de ce quatrième tome vous laisse avec un goût amer dans la bouche, chose rare pour ce genre de littérature jeunesse, achevant de faire de Harry Potter et la coupe de feu un épisode faussement naïf et bel et bien tragique et indispensable.