Une fois n'est pas coutume, le récit ne débute pas chez les Dursley. Il s'ouvre dans le bureau du Premier Ministre anglais qui voit son homonyme du monde la la magie débouler chez lui pour lui faire part de graves nouvelles. Le ton est donné, les enjeux dramatiques seront nationaux et plus tout à fait domestiques. D'ailleurs, Harry ne reste que bien peu dans sa famille d'adoption tant le directeur de Poudlard, le vénérable et facétieux Dumbledore, le sollicite rapidement pour l'aider dans une tâche délicate. Commence alors une collaboration plus étroite que jamais entre le sorcier le plus puissant et sage qu'il soit et l'Elu, celui à qui la prophétie semble promettre d'affronter Voldemort à la fin des fins. De fil de pensine en aiguille du temps, le duo va s'employer à explorer l'origine du Mal, ou comment les prémisses d'une histoire familiale dramatique ont conduit un jeune homme avide de pouvoir vers l'usage immodéré de la magie la plus noire. Ce sont aussi des vestiges du passé qui aideront Harry dans son quotidien scolaire, par le truchement d'un manuel fourmillant d'apostilles bien utiles. Buvant celles-ci plus que de raison, Harry finira par trouver la potion bien amère.
Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, sixième opus de la célébrissime saga, confirme un virage narratif beaucoup plus psychologique déjà bien entamé dans le tome précédent. Ici, pas de scènes sensationnelles, d'explosions de magie ou de combats endiablés. Outre les désordres hormonaux évidents qui continuent d'affecter nos adolescents troublés par le sexe opposé, les pages de ce récit sont résolument tournées vers la compréhension de la psyché des autres. Celles des camarades de classe dans les émois amoureux, celles des professeurs qui dissimulent bien des secrets, celles encore d'un élève honni qui ourdit quelque sombre menée, celle enfin de Tom Jedusor qui en son temps fit pis que pendre pour acquérir le noir savoir.
Tandis que l'année scolaire se déroule donc presque sans anicroche notable ni personnages exubérants source de conflits sonores, la révélation progressive de secrets celés jusque-là va provoquer en toute fin de roman l'impensable, l'épouvantable tragédie que pouvait redouter Harry en son for intérieur. A l'instar des deux opus précédents, les 100 dernières pages du récit s'emballent et vont crescendo jusqu'au moment paroxystique où la clef de voûte qui maintenait ensemble les forces de Bien s'effondre avec fracas.
Sous la plume habile de J. k. Rowling, le lecteur, tout comme les protagonistes, finit cette histoire atterré. Comment Harry et ses amis vont-ils pouvoir poursuivre leur quête ?