Jules Verne est un coquin de raciste. Souvent la personnalité de ses personnages n'est issue que des à priori que l'on a par rapport à l'origine ethnique d'un personnage ; par exemple on dit souvent que les anglais sont un peu hautains et trop fiers, ce sera donc le cas d'à peu près tous les personnages anglais de Jules Verne ; les espagnols seraient des gens qui aiment faire la fête et dormir. C'est amusant en un sens, surtout si ce n'est que pour caractériser des personnages secondaires. Mais malheureusement c'est aussi révélateur de l'importance accordée à la psychologie par l'auteur. En effet, ses personnages sont le plus souvent des coquilles vides. Ça peut passer si l'auteur comble ce vide par une montée d'action, mais dans un roman comme celui-ci cela pose problème car il ne se passe pas grand chose.
Si vous avez lu "Autour de la lune", alors sachez que ce "Hector Servadac" raconte la même chose mais en plus imaginatif (nous ne sommes plus dans une capsule mais sur une comète). Le problème avec ce récit, ce n'est pas que ce soit de la science fiction, c'est plutôt que Jules essaie de tout justifier, comme si cet évènement était possible... Mais à force de nous bombarder de théories fumeuses, le lecteur finit par se lasser. Car Jules, au lieu de nous faire explorer les territoires de cette planète ou au contraire de jouer avec le huis-clos psychologique, préfère nous ouvrir ses manuels d'astronomie. Ceux qui ont la tête dans les étoiles se retrouveront donc peut-être face à cette encyclopédie un rien périmée (certaines théories ont été réfutées depuis, mais il est vrai qu'à l'époque c'était considéré comme vrai). Ceux qui cherchent une vraie histoire avec conflits psychologiques ou physiques seront déçus par la pauvreté de la trame.
Bref, Jules Verne est un scientifique, pas un raconteur d'histoire ; sa lubie des théories pour justifier le tout déteint sur ses personnages qui en deviennet creux, simples porteurs de ces théories, mais aussi de l'histoire qui n'est alors plus qu'un prétexte pour lui étaler tout son savoir. Dommage, comme souvent dans ses romans, il y avait matière à raconter une belle histoire.