Herzog
7.5
Herzog

livre de Saul Bellow (1964)

"If I am out of my mind, it's all right with me"

Dès les premières lignes, on sent le grand roman. C'est avec angoisse que Moses Herzog, écrivain et chercheur névrosé, atteint l'âge de la maturité. Deux divorces, deux enfants au loin, une famille et des amis transparents : cela ressemble bien à un échec. Sa séparation de Madeleine, sa seconde femme, s'est avérée particulièrement douloureuse. Sa trahison, sa manipulation l'accablent et achèvent de le déséquilibrer. Commence une course folle à travers les Etats-Unis, au cours de laquelle il écrit sans répit des lettres à des destinataires variés (au psychanalyste de Madeleine, au New York Times, et même à Heidegger...), lettres qu'il n'envoie jamais, bien sûr. Ce portrait d'un homme égaré au coeur même de sa vie, de sa ville (New York) est terrible, malgré l'humour de Saul Bellow, profondément ancré dans la culture juive (un des ancêtres de Philip Roth, peut-être?). Le constat est implacable : les erreurs commises par Herzog, sa faiblesse, ne méritent, pas plus que celles des autres, la pitié. C'est la solitude dans son aspect le plus cru - les recoins blafards des journées vides, le bouillonnement vain des rues où rien n'attend, et enfin l'hystérie, ce trop plein de mots qui fait vaciller la lucidité...

Extrait, grand moment traumatique de la séparation :

" Step by step, Madeleine rose in distinction, in brilliance, in insight. Her color grew very rich, and her brows, and that Byzantine nose of hers, rose, moved; her blue eyes gained by the flush that kept deepening, rising from her chest and her throat. She was in an ecstasy of consciousness. It occurred to Herzog that she had beaten him so badly, her pride was so fully satisfied, that there was an overflow of strength into her intelligence. He realized that he was witnessing one of the very greatest moments of her life. [...]
And Herzog, a solid figure of a man, if pale and suffering, lying on his sofa in the lengthening evening of a New York spring, in the background the trembling energy of the city, a sense and flavor of river water, a stripe of beautifying and dramatic filth contributed by New Jersey to the sunset, Herzog in the coop of his privacy and still strong in body (his health was really a sort of miracle ; he had done his best to be sick) pictured what might have happened if instead of listening so intensely and thoughtfully he had hit Madeleine in the face. "
Alphonse
8
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le 2 sept. 2014

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