Nicolas Sarkozy est élu avec un plutôt bon score mais stagne avec la pire côte de popularité jamais enregistrée. Malgré cela, on sait bien qu'il sera probablement réélu. Moi du coup, je me pose la question de savoir si, du fait que les gens aient été aussi incapables d'évaluer à quoi ressemblerait la présidence sarkozyste, le citoyen lambda ne manque au fond pas tout simplement des capacités nécessaires à faire le bon choix devant les urnes.

Qu'on ne se trompe pas, qu'on soit de droite, pourquoi pas, c'est pas ça le problème. Sarkozy n'est pas schizophrène, il n'a pas été cloné et remplacé par un jumeau maléfique (à moins qu'il ne soit déjà lui même le jumeau maléfique de Gimli), du coup l'erreur n'est pas dans la sensibilité politique de la majorité, mais bien dans sa capacité à évaluer le personnage.

Alors oui, clairement je me demande si ça ne montre pas les limites de la démocratie. Mais en même temps que choisir d'autre ? Existe-t-il une légitimité autre que l'avis de la majorité ? Bismarck disait que la force fondait le droit, mais la contrainte est presque l'antonyme de la légitimité, alors du coup j'ai cherché ailleurs, en particulier chez Julius Evola.

Mais Evola a un souci, il tente d'appliquer les théories mystiques de René Guénon, son maître, ici co-auteur et qui allait devenir le cheikh Abdel Wahid Yahia, au champ politique à base d'axiomes dont on cherche toujours ce qu'ils viennent faire là. « Le plus ne peut venir du moins » voilà, hop, caca la démocratie ! C'est un peu décevant de la part de quelqu'un de la trempe d'Evola. Certaines thèses sont intéressantes et on en retient surtout ceci (qui n'est pas présent sous cette forme dans l'ouvrage):

« C'est bien plus la reconnaissance venant des basses classes qui est la véritable base de toute hiérarchie traditionnelle. Ce n'est pas le plus élevé qui a besoin du moins élevé, mais l'inverse. L'essence de la hiérarchie est qu'il existe quelque chose vivant comme une réalité dans certaines personnes, qui chez les autres est présente seulement sous la forme d'un idéal, d'une prémonition, d'un effort ininterrompu. Ainsi ces derniers sont fatalement attirés par les premiers, et leur plus basse condition est celle de la subordination moins à quelque chose d'étranger, qu'à leur propre «Moi» véritable. Là réside le secret, dans le monde traditionnel, de toute disponibilité au sacrifice, de tout héroïsme, de toute loyauté; et d'autre part, d'un prestige, d'une autorité, et d'une calme puissance que le tyran le plus lourdement armé ne pourra jamais posséder. »

Dans les dents Bismarck ! Mais hélas, cette intuition ne sera jamais vraiment précisée, la légitimité vient au fond toujours de l'accord de la majorité, mais exprimée différemment. L'intuition de grandeur face au bulletin de vote, bof, on n'a pas franchement l'impression d'avoir beaucoup avancé...
Rvd-Slmr
4
Écrit par

Créée

le 2 févr. 2011

Critique lue 749 fois

Rvd-Slmr

Écrit par

Critique lue 749 fois

Du même critique

Les Décombres
Rvd-Slmr
10

Critique de Les Décombres par Rvd-Slmr

Peu de livres sentent autant le souffre que celui-ci. Précieux témoignage sur le milieu journalistique d'avant guerre et la débâcle française, il fut à peu près impossible de le republier après la...

le 2 févr. 2011

34 j'aime

5

Storm of the Light’s Bane
Rvd-Slmr
10

Critique de Storm of the Light’s Bane par Rvd-Slmr

Dès que je me suis inscrit sur Sens critique et que j'ai vu l'onglet « musique » grisé, j'ai su quel serait le premier album que je chroniquerai. Pourquoi « Storm of the lights bane » en particulier...

le 17 janv. 2012

32 j'aime

Je suis un cyborg
Rvd-Slmr
10

Critique de Je suis un cyborg par Rvd-Slmr

Un film sublime et magique, Park Chan-Wook réussit magistralement un dérapage contrôlé absurde et surréaliste. Profondément tendre, ce film se démarque complètement de la trilogie Vengeance, bien...

le 2 févr. 2011

22 j'aime

4