J'avoue sans gêne que la politique c'est pas mon truc. Je pense qu'il y a du bon et du mauvais dans tous les systèmes, même les pires, même les meilleurs. Cela ne veut pas dire que j'imagine naïvement qu'un système dépourvu d'institution politique constitue un idéal, au contraire : que serait un homme sans société ? un homme sans morale ? un homme sans tabous ? mais il faut être conscient de ces tabous, de cette morale et non l'adopter aveuglément. Un peu comme ces gens qui disent stupidement que la démocratie c'est ceci ou cela, imposant une forme de pensée unique. Je suis donc conscient que les tabous sont instaurés par la société, que les notions de bien et de mal sont tout-à-fait relatives, et je considère que chacun est libre de penser ce qu'il veut : après tout, un fasciste n'est pas QUE un fasciste, c'est aussi un type qui a des passions, des hobbies, des valeurs morales qui peuvent être parfois communes aux miennes. Ainsi donc, je ne vais pas rejeter quelqu'un, par exemple, juste parce qu'il est raciste. Le racisme n'est pas un danger en soi. C'est lorsque les racistes font preuve de violence (physique ou non) que ça devient problématique. Mais en soi, on a le droit de ne pas aimer tout le monde, d'avoir des préjugés. On ne peut de toutes façons pas aimer tout le monde. C'est impossible.
Ce roman fait suite à "La corde raide". Koestler y décortique plus principalement les mécanismes d'une conversion par le biais d'une explication historique. Et il le fait bien. Je ne suis pas fan de politique, mais ce type sait expliquer les choses de manière à ce que n'importe qui comprenne les enjeux de l'époque. Il parle beaucoup moins de lui (il en parle forcément, mais c'est le plus souvent lié à son expérience politique). Du coup, j'avoue que ça m'a moins intéressé que "La corde raide" où il aborde d'autres sujets. Mais ça reste passionnant. Je pense que Koestler aurait été un très bon prof d'histoire vu comment il raconte bien. En tous cas, il partage ici des tas d'anecdotes, des faits historiques dont il fut témoin direct ou non. On ne s'ennuie jamais.
En plus le bougre écrit toujours aussi bien, simplement, avec un vocabulaire riche mais pas élitiste et qui est employé de telle sorte qu'on comprend directement le sens du mot (il n'y a jamais d’ambiguïté). Son style se consomme sans modération, avec joie et rend la lecture beaucoup plus facile (tout le monde n'aurait pas pu rendre ces textes politiques aussi intéressants ; ça ne veut pas dire que ce sont des mauvais écrivains, juste que Koestler a le style idéal pour ce genre).
Je suis un peu déçu car je m'attendais à ce que l'auteur nous invite à connaître sa vie après avoir quitté le parti (ce qui n'a pas dû être simple). J'espère que dans les autres romans compilés dans ce gros ouvrage intitulé "Oeuvres Autobiographiques" il y en aura un qui parlera de ces années où le communisme était à la mode et qu'il allait à contre-courant.
Bref, même si j'ai un peu moins joui qu'en lisant "La corde raide", ce roman est une bien belle découverte que je recommande.