Formidable texte que celui-ci. Au commencement était un conte initiatique qui, page après page, se transforma en fable digne d'Esope et de Jean de la Fontaine, pour se terminer en farce satirique à l'ironie décapante.
A travers cette œuvre brève et incisive, et sous le couvert d'oiseaux, Alfred de Musset brosse un portrait sans aménité de la famille, du milieu social, du rang, de la mondanité de la société, du mariage et surtout - la partie qui m'a séduite par dessus tout - du métier d'écrivain populaire.
C'est fin et bien amené, sous une légèreté de façade ; Musset pointe du doigt les codes de l'ascension sociale, les ressorts cachés des succès de société comme de librairie. Il traite des difficultés à naître différent et en inadéquation avec son milieu ; il aborde le rejet familial, les faux honneurs et les fausses vertus à défendre devant le monde, la gloire factice des salons parisiens. Acide mais toujours drôle, son "Histoire d'un merle blanc" aurait fait merveille adapté au théâtre mais il était sûrement plus facile d'habiller ses personnages de plumes et de becs à l'écrit que sur des planches.