Histoire de Tönle par BibliOrnitho
Tönle Bintarn vit sur le plateau d'Asiago. Il est né durant la première moitié du XIXe siècle alors que l'Italie n'était pas encore une nation mais une simple appellation géographique. Berger et contrebandier, Tönle voyage beaucoup à travers l'Europe. En 1866, alors qu'il avait quitté son hameau autrichien, ce dernier se trouvait à son retour sur le sol italien. Nouvelles lois, nouveau souverain, mais même dialecte germanique qui perdura longtemps dans cette province de la toute jeune nation italienne née du Risorgimento.
Pris en flagrant délit de contrebande, Tönle s'enfuit en blessant un douanier. Il est contraint à l'exile, travaillant en temps que saisonnier à l'étranger (allant du Tyrol, à Prague, Cracovie...), et rentrant discrètement passer l'hiver auprès de sa famille.
Mais bientôt la Première Guerre Mondiale éclate et son hameau frontalier devient le champ de bataille acharné des armées impériales et royales de l'Autriche-Hongrie contre les armées royales italiennes, changeant régulièrement de mains. Tönle, maintenant octogénaire, n'a pas voulu quitter ses montagnes et se cache avec son chien et sa vingtaine de moutons. Jusqu'au jour où il se fait prendre et conduire dans un camp de prisonniers près de Linz en Autriche. Car ce petit vieux déconcerte les militaires. Pas vraiment italien, mais plus tout à fait autrichien non plus, il parle tous les dialectes d'Europe centrale et pourrait bien être un espion.
Tönle est un homme à part, qui croit aux hommes et non aux états et aux frontières (fluctuantes) qui les délimitent. Pour lui qui est né autrichien de Vénétie, qui est devenu italien du jour au lendemain et qui a mainte fois sillonné l'Europe, ces notions n'ont pas de sens. Un homme bon qui subit l'histoire des hommes sans véritablement la comprendre et qui n'aspire qu'à vivre tranquillement la rude existence des montagnards, chez lui avec les siens, son chien et ses moutons.
Un livre court, à l'écriture très classique et sans attrait particulier. Peu de dialogues et un ton résolument narratif – le récit de la vie de Tönle est conté par une tierce personne, étrangère à l'histoire – garde le lecteur à distance et l'empêche, à mon sens, de s'impliquer et de s'intéresser véritablement au destin peu ordinaire de cet homme. L'écriture est assez sèche, et même assez froide, sans fioriture, sans ambiance, sans atmosphère. J'achève ma lecture un peu déçu.