Tome 2:


Je fais partie de ces gens qui ont du mal avec le style d'Alain Corbin, mais qui le lisent parce que le bougre est méchamment intéressant ! Grand ponte de l'histoire des mentalités, il est devenu un incontournable monument car il a su creuser un sillon de l'historiographie qui ouvre des perspectives excitantes.


Cette histoire du corps en trois volumes apparaît comme une de ses œuvres sommes, bien qu'elle soit le fruit d'un travail collectif mené sous sa direction.


D'autres grands noms y sont associés, dont Georges Vigarello n'est pas le moindre. J'aime beaucoup le lire. Son style est plus simple et fluide.


Mais laissons le style de ces messieurs pour nous concentrer sur le thème qu'ils abordent. L'ambition qui est la leur, dépeindre l'histoire du corps, est pour le moins colossale. On touche tout le spectre de l'acception : médecine, sport, sexualité, mort, religion, hygiène, etc. Ce deuxième volume se consacre à la période allant en gros de 1789 à 1914.


Et le grand reproche que je ferais à ce livre est qu'il est trop court. A de très nombreuses reprises, je suis frustré par le manque de détails, par le fait surtout que les auteurs abordent des points, des événements, des personnalités et ne vont pas au bout de leur démonstration, sous-entendant que le lecteur en sait autant qu'eux sur le sujet et qu'il n'est donc pas nécessaire de préciser (faute de place, je suppose). On a donc des noms, des faits qui sont évoqués parfois trop sommairement, et l'on est souvent obligé de remplir soi même les vides, soit par une recherche annexe en parallèle à la lecture (ce qui est toujours extrêmement désagréable), soit par l'imagination. Cela signifie sans doute que l'ambition de l'ouvrage n'est pas de vulgariser cette histoire du corps mais bien plutôt de proposer un état historiographique de la recherche scientifique sur les différents thèmes abordés. La lecture eut certainement gagné en confort avec plus de détails, en notes de bas de page, en appendice fourni ou bien dans le corps du texte. Davantage de latitude aux auteurs pour digresser et approfondir leur discours explicatif ou illustratif n'aurait pas été de refus pour ma part. Dommage.


Car l'ouvrage reste malgré tout très instructif et ouvre de nombreuses réflexions. Malgré tout, c'est riche et propre à l'envie de poursuivre. D'autant que la multiplicité des styles n'est finalement pas préjudiciable. Bien au contraire, cela provoque quelques ruptures dynamisantes dans la lecture.

Alligator
7
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le 8 mai 2015

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Alligator

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