Homo deus
6.8
Homo deus

livre de Yuval Noah Harari (2015)

Quatre ans après un premier volume, Sapiens, consacré à une brève histoire de l'humanité, Yuval Noah Harari revient avec ce que l'on pourrait qualifier de prolongement du précédent : une projection vers le futur. Inutile d'avoir lu l'un pour s'aventurer dans l'autre, l'auteur prend largement le temps de revenir sur ce qu'il avait auparavant détaillé. Et c'est d'ailleurs le principal reproche que je pourrais formuler. Un reproche ? N'exagérons rien. Qui suis-je pour reprocher quoi que ce soit à cet historien, diplômé d'Oxford et universitaire ? Personne de qualifié, j'en ai bien conscience. Troquons alors "reproche" contre "critique". Voilà qui est mieux. Il ne s'agit là, bien entendu, que d'un avis de lecteur - un lecteur enthousiaste qui plus est. Rien de plus. Bref.


Dans cet essai, donc, l'auteur tente d'identifier dans quelle direction la société se dirige et d'imaginer l'avenir probable de ses concitoyens. Il commence en toute logique par proposer un état des lieux de la situation et par remettre Sapiens - nous - dans son contexte. Il en retrace le parcours et aborde de nouveau des thèmes précédemment abordés : l'imagination, la coopération, les croyances, la politique, le progrès, le rapport au vivant... autant de sujets qui créent donc un sentiment de redite pour quiconque aurait lu le premier volume. Ainsi, il refait le fil de l'histoire - et se répète, moi de même - avant de s'interroger sur les projets de l'humanité et de finalement longuement s'attarder sur les nouvelles technologies, l'émergence des intelligences artificielles, leur démocratisation ou encore l'aliénation et la rupture d'ordre anthropologique annoncées. Au passage, il égraine des informations que le lecteur est souvent obligé de croire sur parole tant elles semblent invérifiables ou peu étayées. Par ailleurs, il n'est pas toujours aisé de relier toutes ces données les unes aux autres. Harari a en effet une certaine tendance, du moins dans cet essai, à sauter du coq à l'âne et à disperser ses réflexions sans lien évident avec le fil de sa pensée. Voici pour un complément de reproche (sic).


Mais il faut bien reconnaître que, malgré les points évoqués ci-dessus, Homo deus offre une lecture plutôt enthousiasmante. L'auteur a le sens de la formule et la fluidité de sa langue rend l'ouvrage incroyablement digeste, en particulier au regard de la quantité d'informations qu'il contient. Par ailleurs, une bonne partie de sa réflexion étant basée sur de simples observations, Yuval Noah Harari propose au lecteur attentif de s'y investir. En effet, il l'invite à prendre conscience de son environnement, à s'interroger sur son comportement et sur son (in)action vis à vis de la marche de la société. De fait, au-delà de composer une simple somme d'érudition accessible, Harari a le mérite de pousser - ou du moins de chercher à le faire - de pousser, disais-je, le lecteur à identifier le bien du moins bien dans son environnement. Libre ensuite à chacun d'en faire ce que bon lui semble.


Car ne l'oublions pas : quand les générations futures se demanderont comment leurs aïeux ont pu forger cette société et leur laisser une telle situation, c'est à nous qu'ils feront allusion.


Touchez mon blog, Monseigneur...

TmbM
8
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le 21 févr. 2025

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