Loin des récits habituels dont on fait provenir du Groenland à nos yeux de lecteurs occidentaux, Homo Sapienne décrit une autre réalité dans une contrée polaire urbaine, la ville de Nuuk, en des temps présents cette fois, et dans laquelle cinq jeunes personnages qui se connaissent sont confrontés à la recherche d'eux-mêmes, entre identité et sexualité.
Mensonges à soi-même, flirts, trahisons, fêtes et après fêtes alcoolisés sous le soleil de minuit, gueules de bois en conséquences, courts dialogues épistolaires par les écrans de poches (les indissiociables portables), émancipations... On découvre une jeunesse inuit qui écoute Foo Fighters, P!nk et qui privilégie l'anglais au danois (la langue des colonisateurs historiques), mais aussi qui s'alcoolise en cherchant des remèdes à une déveine.
Signes des temps qui changent, au détriment sans doute des traditions et cultures ancestrales (?). Sans oublier, même si ce n'est pas dit directement, ce fléau que peut être l'alcool.
L'écrivaine groenlandaise, Niviaq Korneliussen, emmène le lecteur hors des sentiers battus d'un pays se modernisant, à travers une période de vie de cinq queers qui sont en mal d'existence dans un livre qui n'a pas été passé inaperçu là-bas à sa sortie.