Incontournable Roman Février 2024
Voici un petit roman qui ose un thème actuel, celui de la guerre, mais dans un cadre que je n'avais jamais vu, celui d'une entreprise familiale.
Bastien vit dans un hôtel, celui tenu par son père, véritable carrefour de voyageurs de tout horizons. Ce petit monde pétillant se retrouve un jour en plein conflit civil. Ce qu'ils ont prit pour des feux d'artifices se révèlent être des détonations d'armes à feux. Alors que les mois défilent, la situation dégénère. Les clients de l'hôtel sont remplacés par des journalistes des quatre coins du monde venus commenter la guerre, le sous-sol servant de piste de danse devient le bunker en cas d'alerte à la bombe et bien que Bastien continue à aller à l'école, il arrive aussi souvent qu'il fasse l'école à la maison. le seul aspect qui semble positif dans ce décor peu réjouissant est le fait que Bastien rencontre des gens fascinants qui lui apprennent pleins de choses pratiques. Il en vient même à formuler le souhait de devenir journaliste. Un jour, un père et sa fille débarque à l'hôtel, sans logis et presque sans bagages. Kazan et Liza sont invités par Bastien a rester vivre ici, dans l'hôtel et par la suite, Kazan deviendra un interprète auprès des journalistes, tandis que Liza devient amie avec Bastien, seule autre enfant du bâtiment. Et bientôt, les deux enfants seront au coeur d'une opération périlleuse: Retrouver le père de Bastien, kidnappé par une faction militaire quelconque.
C'est une histoire relativement courte et expéditive, qui pose un regard un peu survolé de la guerre, mais qui soulève deux ou trois aspects pertinents. Pour Bastien, la guerre est absurde, comme elle l'est sans doute pour beaucoup de gens. de son point de vue, nous voyons un petit commerce reconverti en base d'informations et le ballet des journalistes et des photographes venus informer le monde du conflit et les dangers de se promener dans le rues, où des altercations surviennent. En soi, nous le voyons un peu de loin, ce conflit, on ne verra pas de scènes de combat ni de violence évidente, hormis l'enlèvement du père de Bastien. Ces enlèvements étaient courant en ces temps de guerre, pratiqués pour effrayer les gens et/ou réclamer de l'argent.
L'élément qui m'a semblé le plus marquant est celui des enfants armés. le personnage de Ralf en est un. À peine plus âgé que Bastien et Liza, il fait parti de la faction venu enlever le père de Bastien. Orphelin et jeune ado intimidé, il semble avoir choisi une voie pour tenter de s'en sortir. Bastien est convaincu que s'il peut traiter avec lui, il aura plus de chance de retrouver son père. Une théorie qui repose sur leur statut commun "d'enfant". Il retrouvera sa trace grâce à un jardinier et parviendra, avec l'aide de la très loquace Liza, à le convaincre de les aider à relâcher le père de Bastien. Elle le fait notamment en invoquant le fait qu'après le conflit, il y aura un après et qu'il n'est pas sans risque d'être tué ou éventuellement jugé. Bastien lui promet même une place à l'hôtel pour se faire un nouveau départ dans la vie. Dans les autres éléments, je remarque le fait que la vie se poursuit durant la guerre, l'hôtel fonctionne, l'école aussi. Ce doit être un quotidien semi-normal, où il y a de la continuité mêlée de dangers. Une étrange situation, quand on y pense.
À partir d'ici , il y aura des divulgâches.
J'admets que la fin m'a semblé d'une grande facilité, un peu "trop belle" pour être réaliste, mais je me dis que pour un lectorat 8-9 ans, on ne peut sans doute pas tomber dans des récits de guerre trop confrontant ( même si des enfants de cet âge vivent des guerres bien traumatisantes chaque jours). Je comprend l'auteur d'avoir voulut tabler su l'espoir. Donc, Ralf, qui était responsable de surveiller le papa de Bastien durant leur transition vers une autre planque, parvient à le faire évacuer tout en s'enfuyant. Ralf et le papa réintègrent donc l'Hôtel en un morceau. le presque-ado se voit confier un travail à l'hôtel tel qu'il lui avait été promis et des années plus tard, quand la guerre a cessé enfin, il a même prit la tête de la direction. Pour citer Bastien: Comme Liza l'avait prédit, la guerre a fini par s'arrêter. Personne ne sait pourquoi. Les raisons pour lesquelles une guerre cesse sont sans doute aussi idiotes que celles pour lesquelles elle démarre." L'amitié de Bastien avec Liza, ainsi que ses rencontres avec les divers personnes ayant fréquentés l'hôtel en temps d guerre demeurent les seules choses positives à en tirer. Maintenant, il faut tout reconstruire et espérer que la paix dure.
Le roman est illustré, servit dans un français accessible. Je réitère que le but n'est sans doute pas de servir les détails les plus lourds de la guerre, parler de maisons détruites, de personnes kidnappée et d'enfants soldats sont déjà des éléments dérangeants. Nous sommes dans un pays sans nom, nous pourrions être n'importe où. Je pense que ce genre de petit roman va surtout servir à introduire le sujet de la guerre, à un moment où elles ne sont guère loin de nous, à un écran près. Et les romans qui en parlent pour cette tranche d'âge de lectorat demeurent relativement peu nombreux.
Pour un lectorat à partir du 2e cycle primaire, 8-9 ans+