C’est un livre qui, en date du 3 octobre où cette chronique est écrite, est encore en lice pour le Goncourt. Ce livre : Hôtel Waldheim, le nouveau roman de François Vallejo publié aux éditions Viviane Hamy. Le Manceau, aussi professeur de littérature, revient en librairie avec un texte nuageux, entre mémoire, imagination et Guerre Froide. Lettres it be vous dit tout dans les lignes qui suivent.
La bande-annonce
À l’entendre, j’étais très fort, à seize ans, pour tout effacer, et ça continue. Pourtant, à force de déblatérer sans réfléchir, j’ai commencé à lui prouver et à me prouver que je me suis fourré dans de drôles de situations. Si quelqu’un m’avait dit hier : tu t’es comporté comme le pire voyeur, pour surprendre un couple dans son lit, je ne l’aurais pas cru. C’est revenu tout seul, devant cette fille dans son fauteuil. Je sentais son souffle sur ma peau, incroyable ce qu’elle m’insuffle. Presque malgré moi, j’ai reconstitué la scène oubliée. Et d’autres. Elle va finir par me convaincre que je lui cache quelque chose. Que je me cache quelque chose ? Comme l’impression de rencontrer un inconnu qui s’appellerait Jeff Valdera. Et dans le genre inconnu, elle se pose là aussi, avec ses questions insistantes…
Lors de ses séjours avec sa tante à Davos, à l’hôtel Waldheim, l’adolescent Jeff Valdera n’aurait-il été qu’un pion sur un échiquier où s’affrontaient l’Est et l’Ouest au temps de la guerre froide ?
Inventer sa mémoire ou inventer sa vie ? C’est la question à laquelle tente de répondre François Vallejo avec Hôtel Waldheim, son roman le plus intime. Mais n’est-ce pas cette même quête qui traverse son œuvre depuis vingt ans, que ce soit dans Madame Angeloso (prix France Télévisions), Ouest (prix du Livre Inter) ou encore Un dangereux plaisir ?
L’avis de Lettres it be
Hôtel Waldheim sera peut-être le roman du salut pour celui qui était déjà présent sur la liste du Goncourt en 2001 avec Madame Angeloso. Cette fois, François Vallejo réitère la performance en 2018 avec son nouveau roman publié aux éditions Viviane Hamy. Sous la plume de l’auteur né au Mans en 1960, nous faisons donc la rencontre du jeune Jeff Valdera. Une rencontre entre parties d’échecs et de go, récits mémoriels mais surtout, souvenirs de cet hôtel de famille où l’adolescent entrera de plain-pied dans un monde qui n’est peut-être pas le sien… Mais d’une carte postale retrouvée par hasard naîtra très vite une plongée dans l’histoire d’un garçon, d’un lieu, d’une époque toute entière.
Il y a quelque chose de magique dans ce nouveau livre de François Vallejo. Quelque chose de magique et de nuageux, façon Thomas Mann qui, ça n’est assurément pas un hasard, trouve ici une place importante dans les lignes de Vallejo. Cet hôtel aurait pu être celui de Wes Anderson, ou celui de Thomas Mann. Dans un mélange onirique et sombre, dans un texte qui fait se croiser les questions d’identité, de responsabilité, de mémoire et d’imagination, le Manceau parvient à questionner, interpeler, le tout sur fond de Guerre Froide. Un mélange qui, sans être indigeste à proprement parler, conserve malgré tout quelques trous d’air qui parsèment le texte et peuvent empêcher d’en saisir la substantifique moëlle. Un petit regret donc pour un récit qui aurait gagné en simplicité, sans toucher à sa profondeur, séduisante.
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