Matt Haig nous livre dans ce roman l'histoire de Tom Hazard et de ses multiples identités au cours de ces 400 dernières années. Tom Hazard ne vieillit pas ou très lentement, il paraît avoir 40 ans mais a en réalité 439 ans. Il est atteint d'un syndrome nommé anagérie. Quelques individus, les albas, sont atteints de cette maladie à travers le monde. Ils sont obligés de changer de vie tous les 8 ans pour ne pas se faire remarquer car leur différence est convoitée et les met en danger ainsi que leurs proches. Bref l'histoire est originale, en filigrane beaucoup de références à Montaigne, à Shakespeare, à Fitzgerald, à Baker... Très documenté ce roman amène à réfléchir à la notion du temps qui passe et l'impact que ce phénomène a sur nos vies. J'aime cet extrait qui est à méditer:
" Et, tout comme il ne faut qu'un instant pour mourir, il ne faut qu'un instant pour vivre. Il suffit de fermer les yeux et de laisser toutes les années futiles dérivées au loin. Et là, dans ce nouvel état, libéré de la peur, on se demande: qui suis-je? Si je pouvais vivre sans connaître le doute, que ferais-je? Si je pouvais être bon sans la peur de me faire avoir? Si je pouvais aimer sans craindre de souffrir? Si je pouvais goûter la douceur d'aujourd'hui sans me dire qu'elle me manquera demain? Si je pouvais ne plus redouter le passage du temps et les gens qu'il me volera? Oui. Que ferais-je? Qui aimerais-je? Quelle bataille mènerais-je? Quels chemins emprunterais-je? Quelles joies me permettrais-je? Quels mystères intérieurs éluciderais-je? En un mot, comment vivrais-je?"
Un roman dense destiné à des lecteurs aguerris, à partir de 14 ans jusqu'à 107 ans... Un livre de cette trempe est à lire à différente stade de la vie, le regard porté sera forcément différent car l'écho ne peut pas être le même...