Monty Python, dinosaures, Green Day…

C’est au tiers du roman que tout devient vraiment bizarre : « Ce n’était pas dans mon histoire, je le jure. Quelque chose a terriblement mal tourné. » (p. 41), déclare le narrateur, qui a tombé le masque. Jusque là, on suivait la rentrée des classes d’Idaho Winter, auprès de qui Oliver Twist fait figure de garçon choyé : un garçon si maltraité que dès le deuxième paragraphe il est à la fois allégorie et caricature. (Ça fait alors penser au sketch des « Four Yorkshire Men » des Monty Python.)
Et à partir du dixième chapitre, on se retrouve entre Jérôme Bosch et "Alice au pays des merveilles". Avec des dinosaures. Et des membres de Green Day. Un auteur-narrateur devenant personnage, un personnage narrateur, un prétendu « directeur de publication » qui s’en mêle et un lecteur qui finit assez logiquement par se perdre. Ce qui n’est pas désagréable, car "Idaho Winter" n’est ni une fantaisie totale et gratuite, ni une sinistre leçon de narratologie appliquée.
Dommage que le roman soit sorti si confidentiellement, car sans atteindre les sommets du genre — Sterne, Rabelais, certains auteurs latino-américains du XXe siècle —, il constitue un intéressant dynamitage des conventions littéraires. Manque seulement quelque épaisseur.