Ce livre est assez cocasse, puisque féministe, mais féministe de 1858, donc la plupart des choses que demande son auteur ont été acquises depuis (le divorce, le mariage d'amour, etc), mais parfois ça reste quand même assez réactionnaire sur d'autres aspects et donc c'est assez intéressant à lire, pour voir ce qu'était le "progrès" il y quelques 160 ans. Je ne pense pas que les féministes d'aujourd'hui pourraient s'appuyer là-dessus, parce que ça leur semblerait être un odieux pamphlet rétrograde.
Donc là Juliette Adam répond à Justice de Proudhon, livre que je n'ai pas lu, mais j'ai lu la réponse qu'à faite Proudhon à ce texte-ci (entre autres) et je trouve la critique assez vaine. J'ai l'impression que les larges citations qu'elle peut faire ont été sorties de leur contexte, comme cette citation de La Fontaine que j'ai mise en titre de cet avis
Ce n'est rien ; C'est une femme qui se noie
Qui est également cité dans ce bouquin, mais où l'on a enlevé le début du ver, lui faisant perdre son sens original qui était :
Je ne suis pas de ceux qui disent: "Ce n'est rien,
C'est une femme qui se noie."
Et vu que j'ai lu Proudhon je sais que c'était quand même un peu plus argumenté que ça et là j'ai l'impression qu'on passe sous silence l'idée de Proudhon et qu'au contraire pour invalider ce que dit Proudhon on essaye de le faire passer pour quelqu'un de médiocre, on l'attaque sur tout autre-chose, comme sa fameuse maxime « La propriété c'est le vol » en disant que personne n'a jamais compris ce que ça veut dire, qu'il l'a mal expliquée.
Bref j'ai eu cette impression qu'elle a tenté de noyer le poisson, qu'elle a défendu ses idées qui ne me semblent pas saugrenues (en tout cas qui ne semblent pas saugrenues aujourd'hui), mais qui malheureusement semblent ne pas tenir compte de tout ce contre quoi Proudhon met en garde (en tous cas dans sa réponse, je ne sais pas si c'était déjà dans le premier texte).
Je pense par exemple au mariage d'amour, accorder ça c'est forcément accorder le divorce par la suite, car ensuite qu'est ce que l'on fait lorsque l'on ne s'aime plus ? Permettre le mariage d'amour c'est donc attaquer la figure traditionnelle de la famille, l'autorité des parents qui ne forment plus réellement cette famille.
Alors on peut être nihiliste et s'en foutre et voir que tout brûle au nom de l'amour et je serais bien le dernier à vouloir me marier avec quelqu'un que je n'aime pas. (si on suppose que l'amour comme décrit dans le bouquin existe)
Mais vu qu'il y a de larges extraits de Proudhon c'est réellement plaisir à lire vu qu'il se surpasse, qu'il va beaucoup plus loin que je n'oserai jamais y aller et finalement tout ce que Juliette Adam (je caricature autant qu'elle caricature) a à proposer en échange c'est des émotions...
Mais la réflexion en terme de compréhension pure du monde ne me satisfait pas, Proudhon affirme sans doute plein de trucs sans les prouver, mais elle aussi, donc forcément très vite ben son argumentation à elle c'est du flan.