Pour les amateurs de romans policiers, le personnage de Lessard paraitra stéréotypé. Le bon flic en lutte contre sa hiérarchie, tellement marqué par son job qu’il sombre dans l’alcool et voit sa famille s’éloigner, cela n’a rien de bien original. (Pour avoir lu le 4e tome, je peux vous dire que ce héros évolue et s’étoffe ; ne le condamnez pas trop vite). Mais l’intérêt du roman est ailleurs.
Dans la construction d’abord. Martin Michaud choisit d’alterner différents récits qui, tel un puzzle, s’imbriquent les uns dans les autres au fur et à mesure. Le début du roman semble partir dans tous les sens mais les fils tendus se tissent déjà entre eux et créent la trame d’une intrigue cohérente et d’un mystère qui s’éclaircira lentement. Il en fait également un récit choral où les différents points de vue se succèdent, passant de la 3e à la 1e personne. Il faudra vivre de nombreux rebondissements troublants pour élucider cette affaire et mettre en lumière la vérité qui révèlera trois sombres destins.
Dans la forme ensuite. L’auteur mêle habilement le surnaturel au genre policier sans que cela n’alourdisse ou ne court-circuite l’enquête. Il crée une atmosphère étrange, aux frontières du réel, qui surprend et brouille les repères. Elle a le mérite d’être originale et d’attiser la curiosité.
Enfin, malgré quelques défauts inhérents à tout premier roman, Martin Michaud nous entraine dans une histoire sans temps mort où la tension est constante d’un bout à l’autre. Rien de spectaculaire dans ce récit mais un rythme soutenu par de courts chapitres, une écriture entrainante et le passage subtil d’une intrigue à l’autre qui nous pousse à tourner les pages fébrilement.
Si ce n’est déjà fait, je vous invite vraiment à rencontrer Victor Lessard. Vous ne le regretterez pas.