Une description édifiante du microcosme des journalistes, vu de l’intérieur ; on suit l’auteur dans son parcours qui ressemble étonnamment à celui de l’héroïne dans « Le diable s’habille en Prada ». Il confirme l’existence de jeux de séduction toxiques (quasi institutionnalisés) entre les hommes politiques et les journalistes, l’importance démesurée accordée à certains sujets de niche et la déconnexion du monde réel de tous ces gens.
On le savait, on s’en doutait, mais le témoignage direct de telles scènes est quand même ahurissant (et probant).
Repenti, ou plutôt désintoxiqué, l’auteur se confie avec beaucoup d’honnêteté sur son propre comportement ; grâce à lui, il est beaucoup plus simple d’identifier les problèmes du journalisme français :
- un petit monde majoritairement bourgeois, parisien, obsédé par les ragots, et perdant conscience des conséquences réelles de la politique sur les vies humaines,
- une bulle ou les égos se flattent, se valident, cooptent leurs pairs, marginalisent les divergents, sur-valorisent des faits insignifiants,
- une consanguinité entre les personnages politiques et les journalistes, entre les rédactions « concurrentes », et un syndrome de Stockholm (provoqué à coup de déjeuners, de cafés, de belles tables) qui anéantissent tout effort d’objectivité.
Combien d’autres bulles, dans chaque corps de métier, chaque institution, ressemblent à celle-ci ?