Lu en Avril 2021. Traduction de Leconte de Lisle. Édition pocket. 6/10.
L’Iliade, c’est un monument. L’Iliade, c’est un peu « là où tout a commencé », donc rien que pour ça, on doit le lire quand on veut « connaître ses classiques ». Pourtant, l’Iliade, ce n’est quand même pas ce qu’il y a de plus passionnant.
Pour résumer bêtement, c’est le récit d’une guerre de dix ans, qui débute à cause d’une histoire de fesses, et au bout de dix ans, une autre histoire de fesses vexe le héros tout puissant, donc y a plein de morts parce que les dieux ils aiment bien voir les mortels mourir, et puis finalement y a le héros des « méchants » qui meurt de la main du vrai héros qui s’est réveillé car il y a son meilleur ami qu’est mort.
Évidemment, c’est terriblement caricatural. L’Iliade est d’une grande richesse et on peut l’analyser sous bien des angles, et en être ému de bien des manières.
Mais le style Homérique particulièrement lourd (je suppose que ça doit quand même dépendre des traducteurs), a rendu ma lecture difficile. Pourtant, une fois le premier quart passé, et après avoir admis que je ne connaîtrai pas la biographie de chaque personnage, et après avoir compris que le cœur de l’histoire était purement un récit de batailles…. L’ensemble est devenu plus facile à avaler, sans pour autant que ça en soit digeste.
Peut-être suis-je passé à travers mais je n’ai pas été spécialement ému de la mort de Patrocle ou excité par les exploits de Diomède ou d’Achille, ou fasciné par la description de l’armure forgée par Héphaistos. Mais toute de même, si ce récit a le mérite de poser des bases millénaires, j’ai quand même le sentiment de m’être confronté à un simple prototype.
Que ça concerne la finesse de l’écriture ou de la narration – qui engendrent mon plaisir de lecture – j’ai l’impression qu’on a fait bien mieux depuis. Alors pourquoi relirais-je L’Iliade encore et encore quand je pourrais relire des portraits psychologiques fins et des histoires d’amour prenantes chez Flaubert ou Céline par exemple ? Je ne sais pas, et je ne sais même pas si c’est un livre que j’inviterais quiconque à lire en entier. En connaître les grands évènements et en comprendre la narration globale peut s’avérer suffisant, quoique lire l’ensemble permet de s’approprier plus facilement l’écriture homérique, c’est vrai.
Toujours est-il que je suis content d’avoir lu l’Iliade, et j’ai d’autant plus envie de lire L’Odyssée, qui est dit plus « romanesque ». Il devrait s’y passer plus de choses que simplement un aller-retour de domination entre troyens et achéens. Même si je dois dire que les descriptions gore, et les lances qui touchent toujours un guerrier innocent quoiqu’il arrive (c’est très manga mais du coup, bon nombre de mangas sont très « Iliade » probablement…), m’ont bien fait marré. J’espère que l’Odyssée gardera ce côté « débilement violent » et qu’il résoudra des trames narratives que je pensais retrouver ici : Cheval de Troie, mort d'Achille….
Un classique voire LE classique.
« Il parla ainsi, et, regardant le divin Hektôr d’un œil sombre, il dit : - Viens ! Approche, afin de mourir plus vite » (Achille, Rhapsôdie XX, p377)
« Le Priamide Hektôr était ainsi traîné dans un tourbillon de poussière, et ses cheveux noirs en étaient souillés, et sa tête était ensevelie dans la poussière, cette tête autrefois si belle que Zeus livrait maintenant à l’ennemi, pour être outragée sur la terre des Dieux » (Rhapsôdie XXII, p405)