Le rentrée littéraire sur les radios de l'Arc jurassien
Il est pas trop malheureux, carbure à la coke, séduit les femmes qu'il veut, ne rend de comptes à personne.
Tony Pagoda, Napolitain de 44 ans, chanteur de charme, raconte sa vie, son pays, ce qu'il ressent, ce qu'il a raté.
Sa vie est parsemée de rencontres mémorables, d'instants magiques, et il nous les livre sans pudeur, il raconte tout.
Un dimanche, il se retrouve dans le salon de son cousin avocat. Et là, il y a quatre types montés comme des gardes du corps qui attendent. Tony sent qu'il y a quelqu'un d'important avec son cousin, mais il ne veut pas s'écraser devant eux. Il adore la répartie, Tony, il adore jouer avec les mots, il compare ça à un match de foot, il est passionné, il utilise autant des mots riches et magnifiques que des horreurs, qu'il mélange pour ressortir des associations complètement improbables et poétiques.
Pourtant il a la trouille devant ces quatre types, mais c'est plus fort que lui, ça sort tout seul : «Mon cul que je l'éteins ! D'abord je la fume, et après je te fourre le mégot dans le cul, et tu le sentiras même pas parce qu'il te faut du large.» Et le match commence, mais quand le type lui assène une réponse élaborée, Tony, avant-centre, reprend la balle et tout ce qu'il voit, c'est le but adverse, la répartie qui tue, jusqu'à ce qu'il se reprenne une baffe qui le cloue au sol.
Toute sa vie est rempie de pépites comme celle-là, mais c'est parce qu'il est un personnage, il a pas la langue dans sa poche, il est charismatique, intelligent. C'est lui qui le dit, dans la vie, si t'as pas un profil de Dieu grec, il faut devenir intelligent pour séduire les femmes, apprendre à emballer avec les mots avant que la fille ait le temps de se demander si elle te trouve beau ou pas.
Mais malgré une vie qui semble agréable, il n'est pas bien, Tony. Il se sent usé, dépassé, fatigué. Il a besoin de se reposer, à tel point qu'il va tout arrêter : la drogue, les femmes, la chanson, et l'Italie.
Il n'y a pas un seul moment où on ne ressent rien, on vibre avec Tony, on vit avec lui, et toutes les émotions qu'il ressent, on les ressent aussi. On voit défiler une vie entière, qui est celle d'un héros moderne. Un héros que toutes les critiques italiennes ont salué, voire loué , en comparant Sorrentino à Louis Céline.