C’est un livre engagé et, je le pense, très sincère. On écarquille les yeux devant le cynisme criminel du capitalisme qui, s’il semble relever de la fiction, est bel et bien référencé dans le long glossaire de la fin. Le propos m’a plu, sans aucun doute, et on sent filtrer par tous les pores l’humanisme de cet ancien de la PJ du 93, qui avait l’air d’être un sacré flic, un de ceux qu’on voit plus dans les films que dans la réalité.
Aussi, c’est assez jubilatoire de voir Pouyané se faire bolosser, puis cette dirlo de la Société générale se faire bizuter.
Mais en dehors de cela, je ne comprends pas le détour par la fiction, ni l’intérêt que cela apporte. Parce que sur ce point, j’ai écarquillé les yeux pour d’autres raisons.
Les persos sont des clichés ambulants, que ce soit la psy agoraphobe ,le flic divorcé au coeur tendre (qui, parce que c’est un homme et parce qu’est une femme, finissent ensemble), le directeur du 36 toujours énervé et un peu idiot, le hacker asocial, l’aborigène qui arrive comme un cheveu sur la soupe… et Solal, le justicier, personnage monolithique qu’on aurait aimé voir un peu plus torturé, un peu plus au bord de la folie, un peu plus humain.
La partie « polar » est un peu bancale, très simplifiée en réalité pour laisser place au réel sujet et fond du livre, qui est un manifeste écologique déguisé. J’aurai préféré le voir à nu, sans ces vêtements un peu cheap et pas très bien coupés.
Pour finir, je trouve aussi que la fin est très étrange (en plus d’être super kitsch) : après nous avoir (bien) montré à quel point un changement drastique était nécessaire, que la table avait besoin d’être renversée, on nous sert la soupe froide et fade du capitalisme vert comme seule alternative… non merci, j’ai pas faim.