Replaçons les choses dans leurs contextes.
je pense que ça n'a échappé à personne, notre petit monde perdu dans les confins d'un univers trop grand part légèrement en sucette. On pourrait dire qu'il en a toujours été ainsi et que les mêmes causes produisent les mêmes effets. C'est vrai et je ne pense pas que les choses soient pires ou mieux qu'avant, disons que grâce (ou à cause, question de point de vue) aux frénétiques avancées des technologies de communication, elles sont justes devenues plus visibles, plus présentes, peut-être aussi plus intrusives.
On sait pertinemment qu'une bonne partie de l'humanité court à sa propre perte. Profits à court terme, pouvoir, argent roi, idéologie, xénophobie, culte de la personnalité, de l'apparence, du format. Il faut se placer dans une case ou ne pas être. Et ne pas être socialement, c'est ne pas être tout court.
Alors l'indignation dans tout ça? Et bien je suppose que monsieur Hessel veut juste nous dire que les plus petites causes ne sont pas vaines. Que chaque injustice peut être combattue, qu'importe notre niveau d'implication du moment qu'il est sincère et à ce titre, je pense qu'il a raison.
C'est, comment dire, une sorte de piqûre de rappel, une tape amicale sur l'épaule de la part d'un vieux briscard qui nous dit qu'il n'y a rien de plus important, quand le monde entier cherche à nous mettre la tête dans sa fange, que d'y résister. Pour soi, nous, pour nos proches, les gens qui font nos vies comme les inconnus, plus malheureux, plus désespérés...
L'indignation comme rempart à l'indifférence, le courage de l'abnégation contre le fatalisme ambiant qui voudrait que dans le trou noir de la mondialisation, même la lumière ne passe pas.
J'y vois un texte profondément humaniste, peut-être très naïf aussi, mais s'il a pu redonner un peu de peps à quelqu'un l'espace d'une seconde, juste le temps qu'il se dise que la lumière peut aussi surgir de lui, alors tout cela n'est pas vain.